Journal d'Amérique

Un film de Arnaud Des Pallières

Journal d'Amérique

Un film de Arnaud Des Pallières

France - 2022 - 108 min

Pense à l'Amérique.


Aux cités, aux maisons, à tous les gens, aux arrivées, aux départs, à la venue des enfants, à leur départ, à la mort, à la vie, au mouvement, à la parole.  


Pense au profond soupir intérieur de tout ce qui vit en Amérique. Penche-toi. Ramasse ce que les autres laissent perdre de la vie. Et fais-en quelque chose... 

EN SALLE

Sorti le 22 novembre 2023

En salle

À propos de JOURNAL D'AMÉRIQUE

Journal d'Amérique, ce nouveau film d'Arnaud des Pallières s'inscrit dans sa veine expérimentale qu'il mène de front depuis ses débuts entre films de fiction avec acteurs célèbres et narration classique et films documentaires. Avec une démarche à l'américaine alternant films commerciaux et intimistes, il poursuit un travail entamé il y a 13 ans avec Diane Wellington à partir d'un fond privé de films amateurs. 


Sans voix off, avec une démarche assumée de recherche narrative cette veine expérimentale n'est pas sans lui donner une liberté hors de tout formatage. Si le film s'ouvre avec un «je» autobiographique, il devient ensuite un «je» réceptacle fictionnel pour constituer des histoires d'Amérique, Histoire au centre du travail du cinéaste depuis Drancy Avenir


Film fleuve, les textes qui s'écoulent entre des blocs d'images floues, fragiles, rayées ou nettes, matière filmique vivante nous renvoient à l'image argentique, à l'origine du cinéma. A la vision de celle-ci on peut décrocher, revenir, s'attacher à une lumière, au détour d'une phrase, par et grâce à cet état et ainsi recevoir d'autant plus violemment l'émotion finale du film. C'est une immersion sensitive qui nous est proposée, de plus en plus rare en salle et qu'il est indispensable de soutenir, de voir, de montrer. 

Bernard Cerf

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

À Propos de JOURNAL D'AMÉRIQUE

Depuis Disneyland, mon vieux pays natal, Arnaud des Pallières sonde l'Amérique. Des images d'archives retrouvés, il en avait fait un poème dans Poussières d'Amérique, dix ans plus tard, il continue son travail d'archive et d'échange poétique à travers la forme d'un journal. Dans ce Journal d'Amérique, il adopte une structure fragmentée et nous plonge dans sa perception, ses questionnements et ses références sur l'Amérique. Loin des schémas traditionnels, le film est composé d'une série de vignettes et de séquences, donnant l'impression de feuilleter les pages d'un journal intime proposant une histoire subjective du pays. Il démarre par l'enfance et l'innocence d'un pays mythique et glorieux, une Amérique romancée qui se raconte à elle-même des histoires d'enfants joyeux, de voitures brillantes et de paysages millénaires. Une vision triomphante des années 50, un rêve américain semblable à une publicité accompagné par des morceaux de récits d'illustres auteurs (Mark Twain, Walter Benjamin, Russel Banks…) qui viennent faire dialoguer textes et images comme pour s'interroger sur la réalité des images observées.  


Mais progressivement, le film perd son aspect idyllique et prend un tournant guerrier. C'est la violence qui rejaillit derrière ce vernis de façade d'une société endoctriné et militaire.


C'est ici que la fascination du film réside, loin d'être uniquement tourné sur lui-même, le film semble vouloir nous parler des images et de leurs conséquences, de se méfier des créations de mythe et des images d'Épinal. Il souhaite faire ressentir par les mots et les images les différents aspects d'une humanité dont la violence dépasse les frontières de l'Amérique et remettre en cause les histoires que la nostalgie nous impose.



Antoine Doux (Saint André des Arts)

Antoine Doux


Paroles de programmateurs

À Propos de JOURNAL D'AMÉRIQUE

Arnaud réouvre son chantier : cette vaste entreprise de dérushage de l'inconscient collectif américain commencée avec Diane Wellington il y a dix ans. On lui a confié un trésor, des kilomètres de pellicule U.S, d'archives de toutes natures. Il a carte blanche pour labourer, triturer, farfouiller, se perdre, s'y retrouver.


D'autant que ces images, du noir et blanc à la couleur, du film de vacances aux actualités, racontent comme malgré elles, entre rituels familiaux et événements collectifs, les spasmes de l'histoire américaine, coincée entre son rêve d'émancipation et la réalité brutale du capitalisme. Elles content aussi les rapports visuels d'un continent et de son imaginaire, vaguant entre westerns et films noirs. Arnaud va réagencer, réinvestir ce corpus choisi et en squatter le mutisme mélancolique, pour en extraire, à nouveau, un troisième film fort de la puissance renouvelée, exponentielle, du cinéma.

Car, loin du simple « found footage » ou du « ready-made » chers aux avant-gardes des 70', le travail d'Arnaud des Pallières consiste, en une alchimie radicale, à redéployer ces images dans un nouveau contexte, à leur prêter sens, à leur rendre leur pouvoir de fictions potentielles. Se méfiant comme de la peste du commentaire, Arnaud filme du texte, tourne des plans-phrases à part entière, qui viennent strier le flux des archives et de la « mort au travail », le larder d'amorces de récit, de souvenirs d'enfance, de propos recueillis ici ou là auxquels le spectateur est invité à donner corps, et lieu, et sens, dans le cortège de fantômes, de dates, et de paysages, que forme le montage.


Au final, le film est bel et bien un journal, celui d'un.e américain.e générique, intemporel, a-géographique, et le matériau hybride d'image et de textes, épars, fragmentaire, ne s'assemble que dans l'enveloppe envoutante du son, célébrant avec fièvre l'expérience première et ultime du cinéma. Si elle existait, on pourrait en appeler à la catégorie du documentaire de re-création. Et les travaux exemplaires des Ricci-Lucchi/Gianikian sur l'archive ou de JLG sur les « histoires du cinéma » offrent sans doute au duo des Pallières/ Martin Wheeler l'audace d'aller encore plus loin dans le contrepoint musical du son et de l'image, parfois au bord d'un synchronisme rassurant, toujours en lisière d'une envolée symphonique, de l'écho de la foudre ou de la bombe atomique. D'une finesse et d'une poésie remarquable, cette piste sonore, sans jamais illustrer, ni dicter un sens clos, laisse sa place à la rêverie, et au spectateur ses hypothèses d'autant de films possibles, de « déjà vus » indécidables.


 

Vincent Dieutre

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Cinéaste


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