
Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (Damas), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Yarmouk se retrouve alors isolé et le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.
La séance ACID POP se déroule en 3 temps :
1. Masterclass entre Qutaiba Barhamji (monteur du film) et un.e cinéaste de l'ACID
2. Projection de LITTLE PALESTINE
3. Débat avec le public autour du film
À PROPOS DE LA MASTERCLASS :
La discussion entre Qutaiba Barhamji et un.e cinéaste de l'ACID s'axera autour des extraits projetés et de leur signification dans le travail entre Qutaiba Barhamji et Abdallah al-Khatib, réalisateur du film. Ils se font ainsi histoire d'une collaboration artistique et des ressources mobilisées pour construire un récit documentaire à partir des images filmées à Yarmouk.
La masterclass se fera majoritairement autour des extraits présentés :
"Je filmais sans imaginer qu'un jour j'envisagerais d'en faire un film. Je ne savais pas que je survivrais au siège."
Abdallah Al-Khatib est né en 1989 à Yarmouk. Il a étudié la sociologie à l'Université de Damas. Avant la Révolution Syrienne et le siège de Yarmouk, il n'avait jamais utilisé une caméra, il travaillait à l'UNRWA (United Nations Relief Works Agency), dans des programmes de développement et de soutien à la jeunesse. Abdallah vit actuellement en Allemagne, où il a récemment obtenu le statut de réfugié politique. La revue allemande Peace Green l'a identifié comme un des «peacemakers» 2014. En Suède, il a reçu le Per Anger Human Rights Award en 2016.
Visionner la Masterclass :
EXTRAITS DE PROPOS D'ABDALLAH AL-KHATIB :
Avant la Révolution Syrienne et le siège de Yarmouk, je n'avais jamais utilisé une caméra. Je travaillais à l'UNRWA (United Nations Relief Works Agency), dans des programmes de développement et de soutien à la jeunesse. La Révolution a tout changé, le rôle de chacun a été transformé par l'urgence politique. Hassan, mon ami proche, s'est mis à filmer dès le début des événements. Lorsqu'il a décidé de quitter le camp après l'intensification du siège, il m'a confié sa caméra. La toute première séquence que j'ai filmée a été son départ : nous étions tous les deux sur nos scooters, en train de discuter. Puis il a tenté de franchir clandestinement le checkpoint, et il s'est fait arrêter par les forces du régime syrien qui l'ont torturé à mort (NB : Hassan Hassan est un des protagonistes du film d'Axel Salvatori-Sinz, Les Chebabs de Yarmouk). Hassan était parti, et j'avais gardé sa caméra. Je ne savais pas comment l'utiliser, mais je me sentais le devoir de filmer et de documenter notre quotidien et les crimes commis par le régime syrien contre les Palestiniens. J'ai commencé à filmer et à accumuler des séquences, mais je me suis abstenu de les mettre en ligne et de les faire circuler, ne sachant pas comment, ni quand ni qui pourrait les utiliser. Je n'avais pas le sentiment que ces séquences m'appartenaient, parce qu'elles contenaient des réalités et des histoires des personnes vivant en état de siège. Ma seule préoccupation était qu'elles soient utilisées dans un contexte qui rende justice à la souffrance de ces gens. Je filmais sans imaginer qu'un jour j'envisagerais d'en faire un film. Je ne savais pas que je survivrais au siège. Après avoir quitté Yarmouk, à chaque étape de mon déplacement d'un lieu à l'autre, et même après avoir atteint le nord de la Syrie et être entré clandestinement en Turquie, je n'ai conservé aucun des disques durs, de peur qu'ils ne soient confisqués ou détruits. Je les avais confiés à des amis qui les ont acheminés en lieu sûr. Ce n'est qu'à mon arrivée en Allemagne que j'ai pu voir le contenu des disques et que j'ai commencé à travailler sur l'écriture et le montage du film. (...) II ne fait aucun doute que ce travail documentaire était important pour nous tous, voire fondamental, et je n'étais pas la seule personne avec une caméra à Yarmouk. Mais j'avais aussi une certaine sensibilité à l'égard des scènes et des personnes que je filmais, et des événements que je documentais. Par exemple, je ne suis jamais allé filmer les victimes de bombardements, ou le cadavre décharné d'une personne morte de faim, et ce, malgré la portée qu'aurait pu avoir ce genre d'images pour illustrer le quotidien dans le camp : les bombardements, la famine, la mort. J'ai sciemment choisi de ne pas filmer cela et de ne pas vendre mes images aux médias ou aux chaînes d'information. Je ne le faisais pas pour devenir cinéaste, je ne savais pas ce que cela signifiait. Je
ne suis jamais allé au cinéma. À Yarmouk, il n'y avait qu'un cinéma, et je me suis frayé un chemin dans ses ruines seulement en 2015 pour fuir l'État Islamique. Ce que je peux dire avec le recul, c'est que je faisais attention à ne pas porter atteinte à la dignité des gens que je filmais à Yarmouk. Je n'étais pas pleinement conscient de ce choix à l'époque, mais il y avait quelque chose en moi qui m'empêchait de filmer certaines scènes. En bref, j'avais envie de documenter l'expérience humaine de manière poétique, dans toutes ses contradictions, plutôt que de documenter des crimes de guerre et de monter des dossiers pour violation des droits de l'homme.
LES THÉMATIQUES ABORDÉES PAR LE FILM ET LA DISCUSSION :
Filmographie :
Bibliographie :