Dans les ruines des remparts romains de Die, dans les clairières des forêts alentours, dans les chambres étriquées mais colorées de l'internat, Guillaume Brac filme avec tendresse et délicatesse les derniers instants d'un temps qui bientôt ne sera plus. Celui du lycée, de la vie avec les ami·e·s, des refuges improvisés, de la douceur du printemps. On ne saurait dire de l'insouciance, car ces jeunes filles et garçons savent déjà ce que perdre veut dire, ce qu'aimer implique, que pour sauver un peu de ce qu'il nous reste et de ce qui est à venir, il faut résister, et sacrifier parfois. Une belle mélancolie parcourt le film, lui confère son intensité et sa teneur.
De ces mélancolies qui rappellent au présent les voix et les voies oubliées d'hier pour mener vers les battants entrouverts des possibles, individuels et collectifs, intimes et politiques. Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. Dans Ce n'est qu'un au revoir, l'intelligence subtile du montage permet à l'allégresse des vivants de faire face à la gravité des récits superbement émaillés. Les corps qui rient, chantent, luttent, donnent chair aux fantômes du passé, les reflets lumineux des rayons dans l'eau se font miroir des disparitions tragiques. Et sur ces terres à défendre, la question pointe : comment, encore, faire éclore ?
- Clara Teper, Thomas Jenkoe et Pascale Hannoyer, cinéastes de l'ACID
In the ruins of Die's Roman ramparts, in the glades of the neighboring forests, in the tiny colorful rooms of the boarding school, Guillaume Brac films the last moments of an era that will be over soon, with tenderness and delicacy. The high school era: living with friends, improvising hideaways and enjoying the softness of spring. There's no such thing as carefreeness, since these young girls and boys have already learnt the meaning of loss and the intricacies of love. They know that to save a little of what's left and what's to come, we have to resist, and sometimes sacrifice. A beautiful melancholy runs through the film, making it more intense and dense.
The kind of melancholy that recalls yesterday's forgotten voices and paths to the present, and leads to the ajar gates of individual and collective, intimate and political possibilities. Neither the sun nor death can be looked at with a steady eye. In Ce n'est qu'un au revoir, the subtle intelligence of the editing allows the enthusiasm of the living to face the gravity of beautifully intertwined narratives. Bodies laughing, singing and struggling embody the ghosts of the past, while the luminous reflections of rays in the water mirror the tragic disappearances. And in these lands to defend, the question arises: how can we make them blossom, again?
- Clara Teper, Thomas Jenkoe and Pascale Hannoyer, ACID filmmakers