Le film, outre qu'il remplit sa fonction d'ouverture pédagogique aux phénomènes les plus divers du vaste monde, porte témoignage d'une approche sensible et pénétrante, très éloignée du sensationnalisme ou de la complaisance qu'un tel sujet pourrait occasionner. 

La belle idée des réalisateurs aura consisté à prêter, en un premier temps, une caméra à Phong, pour lui permettre d'exprimer sans intermédiaire son malaise et son désir, et aussi, sans doute, pour mieux le connaître. A la suite de quoi les réalisateurs l'ont eux-mêmes filmé. Finding Phong commence donc à la manière d'un journal intime, puis se poursuit à la manière d'un documentaire plus classique. 

Délicat et intimiste, le documentaire narre le parcours complexe d'un jeune Vietnamien pour accomplir sa réattribution sexuelle

C'est la charge d'universel détenue dans chaque parole, parfois contredite quelques instants plus tard, c'est la bienveillance surprenante du père, les hésitations de la fratrie, qui résonnent et donnent sa richesse au film. 

Un projet de cinéma original, qui donne lieu à un film émouvant et instructif sur une réalité sociétale vietnamienne.

Finding Phong n'est rien de moins que le récit d'une émancipation, face aux contraintes que le corps de naissance impose, mais surtout face au regard enfermant de l'autre.

Dans ce documentaire qui commence par « je » pour finir sur « elle », les réalisateurs Tran Phuong Thao et Swann Dubus suivent une double métamorphose. D'abord celle d'un homme en femme. Le sujet est pertinent et passionnant, notamment quand on entend la réaction du père de Phong, âgé et ancien combattant communiste, qui voit sa fille comme une révolutionnaire. 

Documentaire intimiste et sans filtre, Finding Phong est une touchante quête personnelle de "réparation" qui dévoile au passage l'état d'esprit de la société vietnamienne, entre rejet méfiant et ouverture.

Le changement de sexe, sans le voyeurisme de tant de reportages télé

Dans ce documentaire tourné au Vietnam, la spontanéité séduit de bout en bout. En évoquant son projet de devenir une femme, le jeune Phong mesure le chagrin de sa mère. Mais, presque devenu la jeune fille qu'il avait toujours eu le sentiment d'être, il ressent la joie d'une renaissance possible. Les moments en famille sont étonnants : chacun dit ce qu'il pense et cela n'empêche pas le respect. En ne misant pas sur les conflits, les réalisateurs rendent constamment justice au bel élan de Phong, qui trouve sa voie avec autant de détermination que de légèreté.

Au-delà de l'aventure intime, le film décrit l'impact familial et social d'un tel choix. Contre toute attente, il n'est presque pas question de relations sexuelles. Phong se sent simplement femme, sans expliciter pourquoi ni comment. Cela rend la métamorphose encore plus mystérieuse et poignante.

Tantôt filmé par Phong, tantôt par les réalisateurs, le récit est émouvant, et, simultanément, offre un instantané de la société vietnamienne, qui évolue rapidement. Au centre du film, une question : qu'est-ce que l'identité ?

"Un documentaire sur le quotidien et les questionnements de la jeune Phong à Hanoi. La jeune fille s'est toujours considérée comme une fille prise au piège dans un corps de garçon."