« Être extraordinaire, c'est qu'on est tous différents et qu'on peut tous amener quelque chose. Tu es un élève extraordinaire, au même titre que les autres. » explique la principale du collège à Bilal. L'extraordinaire de chacun, Hélène Milano l'intensifie en nous plongeant dans l'ordinaire d'un établissement scolaire du nord de Paris, où la vie de très jeunes gens se dessine. Ici, élèves, professeurs, assistants d'éducation, parents, se débattent malgré les essoufflements d'un système qui trop souvent assigne à une place et percute brutalement les imaginaires. « C'est comme dans les films, peut-être y a moyen. Mais en vrai, non… » rétorque Bilal, alors qu'il s'interroge sur son avenir. La question du possible, et à travers elle, celle de l'émancipation des carcans scolaires, sociaux, familiaux, et de la capacité à désirer encore des échappées, traverse le film. On est impressionnés par la lucidité des jeunes qui dévoilent leurs doutes, leurs rêves, leurs renoncements, sous le regard fin et inspirant de la réalisatrice. On est saisis par l'énergie et la persévérance des adultes. On est émus par la teneur de la résistance commune.
Et quand, à la beauté lumineuse des visages silencieux succède la prise de parole des corps dans l'esquisse d'une danse, on rit, on pleure, on reprend confiance. Peut-être qu'au-delà des films, et grâce à eux aussi, « y a moyen ».
- Clara Teper, Laure Vermeersch et Reza Serkanian, cinéastes de l'ACID
« Being extraordinary means that we're all different and that we can all bring something to the conversation. You're an extraordinary student, just like the others » the school principal tells Bilal. Hélène Milano intensifies the extraordinary part of us by documenting the ordinary life of a school in north Paris, where the lives of very young people are outlined. Here, students, teachers, teaching assistants and parents all struggle to cope with a system that tends to limit them to a role and brutally bumps into their dreams. « Just like in the movies, maybe there's a way. But actually, no...» Bilal answers back, as he contemplates his future. The question of the possible, and through it, that of emancipation from the rigidity of school, society and family, and the ability to still long for an escape, runs through the film. The young students are impressively straightforward about their doubts, their dreams, their abandoning, under the director's precise and inspiring eye. We are struck by the energy and perseverance of the adults. We are moved by the strength of their joint resistance. And when the bodies speak out in the draft of a dance after the luminous beauty of the silent faces, we laugh, we cry, we get confident again. Perhaps beyond films, or thanks to them, «there's a way».
- Clara Teper, Laure Vermeersch and Reza Serkanian, ACID filmmakers