Novembre 1991, nous étions 6 réalisateurs à rédiger une première version du Manifeste « Résister » pour tenter une initiative collective face à la dégradation catastrophique de la distribution de nos films sur les écrans.
Trois mois plus tard, en février nous étions 150.
Pourquoi avons-nous besoin de tant d'histoires, de tant d'images ? Pourquoi ce désir d'être assis dans l'obscurité, de fixer l'écran où d'autres vivent, sans que nous puissions répondre à leurs paroles, nous mêler à leurs actes ? Pourquoi sommes-nous si sensibles à ces vies qui nous échappent ? Pourquoi rions-nous ? Pourquoi pleurons-nous ?
La réponse semble évidente : parce que le cinéma est un art.
Pourtant cette évidence est aujourd'hui violemment combattue, renvoyée au grenier poussiéreux des illusions, voire des utopies, niées par l'économie actuelle du cinéma.
Nous avons alors tenu plusieurs assemblées dans les locaux mis à notre disposition par la Société des Réalisateurs de Films (SRF) afin de formuler diverses propositions d'amélioration des réglementations actuelles portant principalement sur la nécessité impérieuse de renforcer les divers mécanismes de soutiens automatiques à la distribution.
Ces propositions concernaient principalement :
Dans un communiqué consacré à la crise de la distribution, le CA de la Société des Réalisateurs de Films adoptait les positions défendues par le manifeste (communiqué de la SRF du 25 juin 92 « Pour que Vive le Cinéma Français »)
Nous étions alors 180 réalisateurs signataires.
Nous ne pouvions nous contenter de « Résister », il fallait agir positivement :
- D'une part des films souvent originaux réalisés grâce aux mécanismes d'aide à la production en France,
- D'autre part des salles indépendantes qui fonctionnent à partir d'une passion véritable du cinéma et mettent en œuvre une politique d'action culturelle.
Nous déposons auprès de Dominique Wallon, directeur général du CNC, un Rapport intitulé « Mission de Préfiguration d'une agence pour la promotion et la diffusion du Cinéma Indépendant en France ».
Septembre 92 : la SACD, puis le CNC décident de soutenir les premières ACTIONS DE PREFIGURATION que nous proposons pour les 6 mois à venir (d'octobre 92 à mars 93).
Novembre 1992 : l'ACID est créée
Membres fondateurs : Laurent Bénégui, Jean-Louis Benoit, Luc Béraud, Claudine Bories, Dominique Crévecoeur, Paul Dopff, Kathleen Fonmarty, Jean-Pierre gallèpe, Robert Guédiguian, Jeanne Labrune, Serge Le Péron, Alain Mazars, Pomme Meffre, Gérard Mordillat, Michael Perrotta, Sabine Prenczina, Jean-Pierre Thorn
L'ensemble des 180 réalisateurs signataires du Manifeste Résister en constitue les membres actifs dès qu'ils s'acquittent d'une cotisation annuelle.
Deux premiers films sont choisis pour un soutien :
La petite amie d'Antonio de Manuel Poirier
Parfois trop d'amour de Lucas Belvaux