de Cinéastes de l'ACID
Les cinéastes de l’ACID, quel que soit leur genre de prédilection, ont l’habitude de produire avec peu.
de Cinéastes de l'ACID
Puisque l’ACID était pour ARTE Petit Poucet à Cannes, revendiquons avoir semé des cailloux blancs dans les forêts touffues et mystérieuses de la diffusion du cinéma indépendant.
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l y a de la beauté à voir se déchirer la toile qui nous tenait prisonnier.ère.s d’un silence hérité de pratiques, d’habitudes, et d’une culture qui ne questionnait qu’à la marge les rapports de dominations dans nos métiers.
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Certes, comparaison n’est pas raison, mais certains parallèles parlent mieux que d’autres : ainsi du merveilleux Un prince sorti le même jour que Les Trolls 3. Mais pourquoi donc mettre en regard deux films que tout oppose ? Parce que c’est dans cette indifférenciation que les films sont traités, dès lors qu’on les envisage du seul point de vue des chiffres. Et ainsi, suivant le nombre d’entrées obtenu par chaque titre en fin de semaine, s’enchaîne une valse des films sortants, des films restants et des nouveaux entrants. C’est ainsi que l’on évalue aujourd’hui un film qui compte. À son nombre d’entrées en salle. On commente ces chiffres, on se réjouit, on s’étonne mais il n’y a pas à discuter : cette référence des entrées est depuis longtemps ancrée dans le marbre. Elle est évidente et simple, évidente parce que simple et pourtant sacrément biaisée. En effet, si on compare en valeur absolue les chiffres d’Un prince et des Trolls 3 à l’issue de la première semaine d’exploitation dans un cinéma d’Art et d’Essai bien identifié à Paris, le dessin animé l’emporte sur le poème érotico-botanique. Or ce chiffre ne signifie en réalité rien car les films n’ont pas bénéficié de la même exposition, c’est-à-dire du même nombre de séances : 24 séances pour Un Prince et 31 séances pour Les Trolls 3. Mais, si l’on observe précisément la moyenne de chacun de ces deux films par séance, c’est celui de Pierre Creton qui fait un meilleur score (14,3 spectateurs/séance contre 10,2) ! Pourtant, c’est bien Un prince qui a été totalement déprogrammé de ce cinéma la semaine suivante… Le cas n’est hélas pas isolé, cependant les habitudes des programmateurs ne changent pas. Pour la simple raison qu’ils ne raisonnent pas avec les bons indicateurs. Le CNC a mis en place en juillet 2022 un bordereau à la séance, rendu obligatoire depuis juillet 2023. Il est désormais urgent de se concentrer sur ce ratio, seule vraie valeur significative pour justifier du maintien ou non d’un film en salle. Nous appelons à la responsabilité collective, y compris dans la mise à jour d’outils professionnels adéquats, au vu de l’importance que ces enjeux représentent pour nos oeuvres. Prendre en compte ce ratio, c’est aussi offrir aux spectateurs une plus grande diversité de films dans le temps, et dont la richesse pour tous n’a d’égale aucune autre mesure. Car nous savons bien que c’est dans le temps que nos films travaillent et rencontrent les spectateurs. En témoigne le magnifique parcours de Atlantic bar - premier film de la réalisatrice et première production, nommé au César du Meilleur Film Documentaire - tout comme celui de Linda veut du Poulet, récompensé d’un Cristal et nommé au César du Meilleur Film d’Animation et dont nous ne vous communiquerons pas le réjouissant nombre des entrées pour chacun puisque, précisément, la vie sensible d’un film qui compte ne se mesure pas qu’à la froideur inerte des chiffres !
de Cinéastes de l'ACID
La fin de l’année écoulée aura posé de manière crue et violente la question de ce qui nous constitue, c’est-à-dire la question des liens par lesquels le commun se noue. Et si cette question agite en premier lieu la société dans son ensemble, elle n’est pas sans résonances avec le champ du cinéma, à travers la question de la place qu’il reste aux indépendants.
de Cinéastes de l'ACID
C’est l’automne. L’Observatoire de la Diffusion du CNC a publié ses analyses sur l’année 2022 et, en ce qui concerne les films labellisés « Recherche et Découverte » ou bien les films non-agréés (ce qui inclut une part considérable de documentaires), on serait tenté de chantonner, comme une vieille rengaine, que « les films morts se ramassent à la pelle ».
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Les massacres du 7 octobre ont remis au premier plan la guerre en Israël et en Palestine, et son cortège d'atrocités, ainsi que les mots d'ordre qui l’accompagnent : « D’accord, mais est-ce que vous condamnez ? ». Depuis notre place, celle d’une association de cinéastes, forcément inquiets de là où le monde va, que pouvons-nous ? De nombreux festivals de cinéma au Moyen Orient sont supprimés ; le rectorat de Paris fait le choix de déprogrammer le film Wardi (Mats Grorud) de son corpus de Collège et cinéma ; la venue de Nadav Lapid est annulée à Toulouse, autant de signaux qui disent désormais notre incapacité collective à l’endroit des images. Que pouvons-nous alors ?
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Personne n'oserait remettre en cause publiquement l'éducation au cinéma : sa nécessité semble acquise, et partout, on se gargarise de citoyenneté, d'accès aux œuvres, de développement de l'esprit critique… Unanimisme apparent qui dissimule une réalité bien moins reluisante. Cette rentrée 2023 nous conduit à nous joindre aux enseignants et fédérations alertant médias et autorités suite aux dernières annonces en date, et à rappeler que l'éducation au cinéma n'est pas un label de plus (une sorte de citizenwashing) mais le résultat d'une lutte et d'une histoire de l'émancipation, depuis les ciné-clubs de l’éducation populaire aux grands dispositifs nationaux. Mais quand on parle d’éducation au cinéma de quoi parle-t-on ? Et surtout que veut-on ?