Pour le réconfort, premier long-métrage de Vincent Macaigne, débute sur une image floue, granuleuse, instable : c'est Pauline qui parle via son téléphone portable à son frère Pascal : elle est à New-York, lui en France, récemment revenu du Mexique. Partis voir ailleurs, une fuite, une quête ? Pour eux, la vie semble belle, ils sont jeunes, insouciants, voire désœuvrés. Mais rapidement, au cours de la conversation, il s'agit de traites impayées et de la nécessité de revenir régler les affaires familiales sur le domaine, héritage du père décédé.
Au retour sur la terre de leurs ancêtres, ils retrouvent les amis d'enfance. Ceux-là, ils sont restés, se sont plus ou moins bien débrouillés, qui avec la maison de retraite pour laquelle il fourmille de projets, qui avec sa plantation d'arbres, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles… Lors de scènes récurrentes de dialogues en voiture ou lors des soirées entre potes, les vieilles rancoeurs et les règlements de compte apparaissent.
Durant ces nombreux trajets en voiture, la promiscuité favorise l'échange verbal, mais aussi l'échange physique. Dans ce lieu clos dont ils ne peuvent s'échapper, malgré quelques vaines tentatives, les protagonistes vident leur sac : gros plans sur les visages, les regards. Le cadre est serré, la violence contenue à grand-peine. Du passé faisons table rase, pas si simple !
Hors la nostalgie, que reste-t-il du passé ? Que nous ont laissé nos prédécesseurs, et nous que va-t-on léguer ? Les "vieux", souvent évoqués et aussi très présents, sont les personnages les plus enjoués, les plus lumineux. Ils ont déjà tout misé, ils n'attendent plus rien ou alors si, mais pas grand-chose, juste un peu de réconfort ?
Assez foutraque, plutôt mélancolique, affranchi des carcans formels, ce premier film grave de Vincent Macaigne laisse augurer d'une suite plus lumineuse. Lorsque le noir envahit peu à peu l'écran, le deuil des rêves inaccomplis est en cours. Les lignes de force sont en place, le futur est à construire, de nouvelles voies sont à présent tracées.