Samia nous entraîne dans des tourments paisibles où sourde pourtant une violence rageuse. Au-delà du portrait parfait d'une adolescente d'origine maghrébine, le film de Philippe Faucon nous amène vers cet impossible retour en arrière ce questionnement sur nos racines. Car, pour tous ceux qui ont voulu être autres, se débarrasser de ses vieux habits, ceux portés par ses parents, qui eux-mêmes les avaient empruntés aux leurs, Samia se dresse là, courageuse, vaillante même, revendiquant de tout son corps une féminité discrète tout autant qu'érotique, dans la lumière crue de Marseille, avec son menton obstiné et ses yeux têtus, vouloir regarder le monde en face et personne de côté, prendre tout ce que l'on peut et rester soi-même. Ne voir que le constat d'un état adolescent serait limiter le film dans son ampleur quasi-invisible : cinéma de la discrétion plus que de l'intime, où les choses les plus importantes de la vie n'existent souvent que durant un instant, au détour du drame ou de rires en éclats. Le cinématographe de Philippe Faucon sert donc un ambitieux projet : du particulier à l'universel, du passé par le présent ou comment nous nous efforçons de nous fabriquer un avenir. Film d'un personnage presque unique, Samia est ainsi une part de chacun de nous.