Si les premiers plans de Folle Embellie planent doucement dans les airs, c'est bien le calme avant la tempête. Le générique à peine terminé, nous voilà sous les bombes en pleine deuxième guerre mondiale, et qui plus est, dans un asile de fous tenu par des fous. C'est la débâcle. La folie des pensionnaires a-t-elle versé sur le reste de la population ? En tous cas, lorsqu'un groupe s'échappe et rejoint l'exode général, il est à peine remarqué par les autres. Des fous dans un monde devenu fou, voilà l'histoire de Folle Embellie. Jean-Pierre Léau, chef de file, dirige cette petite troupe de fous comme il le ferait d'une armée. La guerre sue. Cependant Miou-Miou, sa femme, part à la rencontre de « l'autre monde », et tombe amoureuse d'un voyageur sous le regard d'un fils qui n'a plus accès à sa mère. La mise en scène abrupte, violente, semble avoir partagé le destin des personnages et le film ne raconte pas seulement une histoire de fous mais devient fou lui-même, conte étrange, épopée du chaos. La réalisatrice, passant sans cesse, avec habileté, la frontière entre folie et lucidité, donne à son film une grande singularité. Enfin, voire une guerre à travers le regard des pensionnaires d'un asile nous oblige de façon cinglante et brutale à remettre encore une fois en question notre propre regard sur le monde. C'est là l'intérêt principal de « Folle Embellie », comme du cinéma en général, nous donner tout simplement la chance de voir le monde à travers d'autres yeux.
Publié le mardi 12 septembre 2017