
Comment le cinéma parvient-il à nous donner la sensation d'un monde au-delà de la matière ? Comment rendre compte des ondes, du magnétisme, de forces invisibles ? Cela interroge le cinéma et ses outils. Casting, décor, moyens techniques : qu'est ce qu'il faut pour qu'on y croit ?
La séance ACID POP se déroule en 3 temps :
1. Masterclass entre Lucas Delangle et un.e cinéaste de l'ACID
2. Projection de JACKY CAILLOU
3. Débat avec le public autour du film
Lucas Delangle, en dialogue avec un.e cinéaste de l'ACID réfléchiront cinématographiques qu'ils incarnent : ensemble aux façons de filmer l'invisible au cinéma. Comment, par les moyens du cinéma, rendre palpables des forces et matières que l'oeil ne peut pas voir ? La discussion s'articulera majoritairement autour des extraits proposés et des différents gestes.
La discussion se fera majoritairement autour des extraits présentés :
Comment filmer l'invisible ?
Il existe une force à l'œuvre dans Jacky Caillou, qui passe par un art du cadrage et des plans, et qui traverse toutes les images. La magie apparaît ainsi dans la manière de filmer les corps, notamment les gros plans sur les mains et sur les visages des personnages - celui qui est magnétisé et celui qui magnétise. Sans recourir aux effets spéciaux, le cinéaste joue aussi avec ce que l'on ne voit pas et ce que l'on entend pas. On songe à La Féline de Tourneur, quand le pouvoir de suggestion d'un cinéaste rencontre la puissance imaginative du spectateur...
Je suis né dans un petit village de la Sarthe, un territoire de bocages tout proche de la Mayenne, plein de magnétiseurs et de guérisseurs. Il y a d'ailleurs eu un livre sur les rebouteux en Mayenne, une enquête sociologique intitulée Les mots, la mort et les sorts de Jeanne Favret-Saada. Dans le petit village dans lequel je suis né, mon père était médecin généraliste. Il connaissait beaucoup de magnétiseurs. Lui était très cartésien et n'y croyait pas du tout. Quand j'étais enfant, il me racontaient leurs histoires. Je m'ennuyais beaucoup dans ce bled, petit, et ces histoires me fascinaient, comme s'il pouvait arriver quelque chose d'extraordinaire ou de magique. Je m'y suis intéressé et j'ai commencé à rencontrer des gens, sans savoir que j'allais réaliser un film. J'ai croisé une dame qui entraînait son don au contact d'un maître. Je n'arrivais pas trop à saisir pourquoi elle était tellement intéressée par le magnétisme... Et puis, au bout d'un moment, j'ai compris que son fils était gravement malade. Mais lui, le fils, n'y croyait pas. Et pour les magnétiseurs, ça ne peut pas marcher si le patient n'y croit pas. Du coup, elle me disait : « Je veux être prête si un jour il change d'avis ». Il y avait un espoir qui me plaisait, une espérance avec laquelle je pouvais faire du cinéma. Cet espoir et la part invisible du magnétisme, c'était un terrain de cinéma parfait.
Bibliographie :
Filmographie :