Singulière histoire que celle de ce film Kazakh, autoproduit par son réalisateur avec l'aide de l'attaché culturel de l'ambassade du Japon au Kazakhstan, développé et monté dans les ruines de la cinématographie étatique de cette ancienne république soviétique, couronné au festival de Tokyo 97 par un jury dont Hou Hsiao Hsien himself était président, aperçu depuis par quelques happy Few éblouis dans de rares projections éparpillées sur la planète..., aujourd'hui menacé de ne pas connaître une sortie en salle, pour d'obscures raisons de blocage du négatif. Il s'agit donc d'un film dont l'existence même est un miracle. Mais Dernières vacances est d'abord un film précieux car il révèle l'existence d'un grand cinéastes... Amir Karakoulov déploie son récit en le dépouillant de toute surcharge ou emphase qui accompagnent généralement le sujet traité : ce moment de dramaturgie spécifique qu'est, en tous points du globe et à toutes époques, l'adolescence. Aucune leçon annoncée dans ce film qui capte, sans fards et sans effets, la vérité brute de cette période de la vie où se mêlent, dans le désordre le plus grand, les révoltes les plus explicites et les souffrances les plus intimes. Karakoulov enregistre ces mouvements qui agitent l'âme et le corps de ses jeunes protagonistes avec une justesse qu'on ne voit quasiment plus de ce côté-ci de l'Oural. Avec les seules armes d'un art, délivré de ses discours et de ses pièges technologiques. Grâce à des acteurs (formidables) et une mise en scène à la fois limpide et redoutable de précision. Avec une économie de moyens forcément rigoureuse, mais dont la modestie n'empêche pas le propos d'atteindre un niveau de flamboyance et d'intensité, digne des plus grands mélodrames.