Gugara est un film sur la perte, perte de ce rapport étroit entre l'homme et la nature, perte d'un mode de vie, élargissant par la même ce constat à toutes les cultures condamnées à la survie par les modifications irrémédiables de notre environnement. Dans une lumière qui semble donner ses derniers feux, avec une caméra oppressante qui sait saisir des moments d'humanité blessée, le film déroule inexorablement une sensation d'ensevelissement tranquille. Les cloches des rennes ne se font plus entendre, remplacées par des bips électroniques, sirènes d'une uniformisation en marche.
_ Les Evenks, petits cousins lointains de Nanouk, peuvent se regarder à la télévision, se singer dans des fêtes folkloriques et se saoûler pour ne plus voir ce qu'ils sont devenus. Et s'il fallait retenir une image de cette saga sans héros, je choisirais celle de ce vieil homme Evenk qui apprend la mort de la femme de son voisin avec la fatalité de ceux qui savent que rien ne pourra changer la lente désintégration de leur culture.