Horezon, lorsque l'horizon s'obscurcit. C'est une histoire qui pourrait nous venir de Melville, tout droit sortie, sans même s'en douter, de cette armée des ombres qui s'est appelée Résistance, mais qui aurait pu s'appeler La Vie. De cette armée de malentendus obstinés qui parfois se croisent et provisoirement donnent forme à l'Histoire, quand elle va au chaos. Qui vont au bout de toutes les solitudes, de tous les risques, pour arrêter la mort certaine du plus grand nombre, et peut-être de tous. Après quoi, le malentendu général reprendra tous ses droits. Chacun repartira, qui dans sa détermination, qui son déterminisme, et le prochain chaos menacera, plus riche encore de l'expérience du précédent. C'est une histoire de cinéma, pour donner une forme conforme à cet état d'esprit, assez lucide pour être cruelle, sans concession au sentimentalisme, à la psychologie, à la sociologie, et surtout pas au bon sens. Puisque c'est une histoire d'archétypes, pas une histoire naturelle. Une histoire pour tenter d'arrêter le flux inexorable. C'est une histoire triste d'enfant désenchanté où les promesses ne rendent plus les fous joyeux, où la passion, la conviction n'est appréciée que par temps d'abondance ; bannie, rouée de coups, par temps de vaches maigres, soudain gênante avec ses exigences et la violence de ses requêtes qui ressemblent à des réquisitoires pour ceux qui ont abandonné la partie. Et pour finir, l'Histoire, l'histoire, ou ce qu'il nous en reste, abandonnée sur le trottoir, livrée à dispersion, et désormais indéchiffrable. Drôle d'allégorie. Drôle de film hyperbolique, stridente pitrerie, dans un paysage improbable, qui pourrait aussi bien mettre en garde : voilà comment nous sommes, voilà ce que nous faisons.