Brazza est un espace qui va se métamorphoser. Dans ce milieu, peuplé d'êtres vivants, de matières, de sonorités, tout se mélange en une « soupe primordiale » qui donne naissance à un « Ici » fantasmé. Un monde raclé de toute cette substance dont la modernité ne veut plus.
Antoine Boutet nous révèle ce nouveau territoire par un regard holistique où sa caméra se déplace pour capter la globalité du lieu puis le parcourir dans ses plus petits interstices.
Ici, pas de commentaires superflus mais des slogans publicitaires qui racontent le futur paysage.
Petit à petit nous assistons, ébahis, à la destruction du sens du milieu. Nous quittons le réel pour l'artificialisation du monde.
Ici à Brazza, le réalisateur nous invite à ré-enchanter le lieu par des chants métissés, des petites ritournelles, des croassements, des sifflements mais au final le déterminisme est toujours présent, et le cinéaste nous pousse vers le burlesque par des sonorités qui rappellent les films de Jacques Tati.
Par la poésie de son regard et l'intelligence de ses cadres, il nous révèle que notre rapport au paysage doit changer. A l'image de cet arbre dépressif qui semble crier son désarroi pour ne pas être planté dans les espaces intercalaires de ce nouveau quartier. Son refus de servir de potiche visuelle est légitime !
Ici Brazza commence par le tracé d'une ligne qui s'apparente à un geste contingent et se clôt par un idéal de notre modernité qui ne pense que par la ligne droite. Plus rien n'est contourné, tout nous amène droit dans le mur.