Imago est une tragi-comédie, pas si éloignée des grands comédies de remariage hollywoodiennes. Là aussi, il s'agit de montrer le parcours d'un couple et d'observer ce que devient une vie normale lorsque la panne du désir survient ? « Quand je ne t'aimerai plus, / C'est que le chaos est de retour » .

_ Imago est la rigoureuse histoire de ce chaos. On est plongé dans un monde rendu féerique par l'état de crise, comme cette scène où un aquarium devient la représentation fantastique du trouble qui anime le couple.

_ Dans sa matière même, le film travaille plusieurs récits à la fois. Il y a ce qui arrive à l'écran et ce qui se fabrique en dehors, dans les ellipses. Comme en musique où le silence est de la musique en creux, comme en peinture où le vide importe autant que le plein, Imago se raconte aussi entre les plans. C'est sa recherche, sa modernité, sa justesse.

_ J'ai toujours trouvé juste les choix. Les choix des emplacements de caméras, les choix de coupes en fin de séquence, le choix d'une lumière appartenant à la nature (beau travail de Jeanne Lapoirie) et pas une convention envahissante de cinéma. Cette justesse si nécessaire quand il s'agit de montrer l'errance chaotique d'une conscience cherchant également à faire des choix.

_ Ce qui contamine le film où le plaisir est de ne jamais pouvoir prévoir ce qu'il va se passer, condition nécessaire pour qu'il devienne une expérience.

* Othello