Inch'allah dimanche

Un film de Yamina Benguigui

Inch'allah dimanche

Un film de Yamina Benguigui

France - 2001 - 85 min

Zouina arrive de son Algérie natale, avec ses trois enfants. Elle vient rejoindre Amhed, son mari, qui travaille en France depuis 10 ans et qu'elle n'a quasiment pas revu depuis. Aïcha, la mère d'Ahmed, est aussi du voyage. Entre l'agressivité des voisins, les reproches incessants de sa belle-mère, et les silences méfiants de son mari, Zouina tente de s'habituer à ce quotidien en exil. Le transistor est sa seule fenêtre sur la vie et sur les femmes de ce nouveau pays. Dans cette région picarde, plus rien ne la rattache à l'Algérie. Un jour, par hasard, elle apprend qu'une autre famille algérienne habite quelque part, dans le même village qu'elle. Alors Zouina décide de la trouver, coûte que coûte. Même si sortir seule, dans un endroit inconnu, c'est "haram", c'est interdit…

Avec :
Fejria Delibeba , Rabia Mokedem , Amina Annabi , Anass Behri , Hamza Dubuih , Zinedine Soualem , France Darry , Roger Dumas , Marie-France Pisier , Mathilde Seigner et Jalil Lespert

Sorti le 05 décembre 2001

Sortie non communiquée

À propos de Inch'allah dimanche

Inch'Allah dimanche est grand. C'est peu de dire que le premier film de fiction de Yamina Benguigui jette un regard inédit sur un moment déterminant de l'immigration maghrébine en France : celui du regroupement familial décidé par Giscard en 1974. Ce n'est pas seulement le regard qui est inédit, c'est le sujet. Et pour cause. C'est même la cause qui est au cœur de Inch'Allah dimanche, qui en fait tout le prix cinématographique et politique, tant il révèle la part d'ombre de cette décision massivement vécue comme humanitaire à l'époque, son point aveugle précisément : celui des femmes embarquées (c'est bien le mot), à leur insu, dans ce vaste mouvement de populations. Aussi ce regard est-il fulgurant : de l'arrachement à la famille d'origine (et la soumission sans recours aux fonctionnements les plus archaïques qu'il allait signifier dans l'exil), à la résistance solitaire puis solaire (sous l'œil curieux, indifférent ou méfiant des autochtones français) de l'héroïne du film, femme algérienne parmi tant d'autres, soudain investie d'une force qu'il ne faut pas craindre d'appeler historique. Car cette solitude, Yamina Benguigui en fait une raison impérieuse d'agir, en même temps qu'une nécessité absolue de survie, qui donnent à son personnage une énergie décuplée : animale, instinctive, lumineuse, solaire, oui. Si Inch'Allah dimanche est grand c'est non seulement qu'il donne à voir ce qu'on n'avait pas vu jusque-là, mais qu'il opère sur une ligne de crête dramatique, où chaque geste, chaque mot, chaque pas osé puis franchi par son héroïne est donné comme une condition irréductible de la Vie général, en même temps qu'un risque maximal pour sa propre vie. C'est au prix de ce tragique permanent (qui n'exclut d'ailleurs pas de grands moments burlesques : les deux pôles se nourrissent l'un l'autre depuis toujours) qu'elle bouscule les rôles sociaux assignés à chacun des personnages (le mari, la belle-mère, les enfants, les voisins, la voisine…), qu'elle parvient à brouiller les cartes, à dérégler les conventions, et finalement à changer le monde autour d'elle. Yamina accompagne le combat de cette femme, avec une précision déjà avérée dans ses documentaires. Mais ses partis pris filmiques font également preuve d'un rare talent de mise en scène, et ce n'est pas la moindre qualité de ce film étonnant. La subtilité avec laquelle elle capte les gestes et les regards des une(s) et des autres, les croise, les articule, les hiérarchise, donne tout simplement ses lettres de noblesse à la notion même de cinéma de fiction.

Serge Le Peron


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