Le cinéma de Fabianny Deschamps nous offre avant tout le voyage, celui qui mène à l'autre, celui qui mène à soi, celui qui ouvre aux libertés.
Isola est de ces films qui nous proposent d'aller au-delà du réel cru et souvent jeté à nos regards en mode répétitif sans réellement nous atteindre.
A la séquence documentaire - l'arrivée des migrants au port - la réalisatrice vient greffer la puissance de la fiction pour bien vite troubler les lignes, les certitudes.
C'est par cette zone de fusion que Fabianny Deschamps nous ouvre la porte de notre voyage, celui de réinterroger artistiquement, poétiquement la terrible question des migrations.
Dai, cette jeune femme si troublante, terrée dans sa grotte, dans son imaginaire fait face à la violence, à la solitude sans toutefois complètement renoncer au rêve, à la vie et au désir. Ce personnage métaphorique porte tous les migrants du monde, tous ceux qui ont à fuir et tous ceux qui ont à affronter la violence ou la solitude.
Tout est cinéma, pour offrir les espaces de notre parcours libre de spectateur la réalisatrice ne vise pas la perfection mais le juste et ce juste se trouve par le cadre, par la mise en scène, par le décor, par la lumière, par les couleurs, par le travail sur la musique avec Olaf Hund.
Comme pour la frontière entre documentaire et fiction, toute cette mécanique de cinéma se fond, se laisse porter par une instinctivité voire une certaine animalité.
Parler d'Isola est à la fois facile tant l'espace qui nous est donné est étendu mais aussi compliqué tant la proposition est riche.
Il n'y a pas d'autre solution que de voir le film, le ressentir pour trouver les questions qu'il nous pose, les questions qu'on lui pose. Il en est de même pour les réponses.
Questions, réponses... Le regard pétillant de Fabianny Deschamps nous emmène bien au-delà…