Le film ouvre sur le capot rutilant d'une BMW, la voiture est à l'arrêt, son conducteur est d'abord contemplatif, puis pédale au plancher, transforme un campement de caravanes en circuit automobile. Le véhicule dans sa course circonscrit déjà le territoire, tout se passera là, dans cet endroit indéterminé, quelque part en bordure de la cité. Un homme réveillé par le rallye se passe de l'eau sur le visage avant de sortir de sa caravane un fusil à la main. Un coup de feu en l'air clôt le prologue, le film est lancé à grande vitesse, mais sans précipitation. Le rythme soutenu des disputes, portées par des dialogues au verbe fulgurant, est sans cesse rattrapé, désarmé par la tendresse du cinéaste pour ses personnages et le calme des réconciliations autour du feu. Le foyer omniprésent rappelle qu'avant tout, même si on vit de larcins, ici, on partage un même goût pour l'instant et la fraternité. Le territoire habité semble au bord du ciel, omniprésent, souvent filmé en contre plongée et réfléchi par la carrosserie des voitures, les vitres des caravanes, le sol trempé. La ville ne se signalera que rarement par quelques signes, routes, bétons, toitures. Les cieux et la lumière naturelle qui inonde les visages annoncent déjà l‚arrivée du divin, d‚un au-delà. À contre courant des productions made in France qui filment des potes quadras se regardant le nombril, JC Hue visionnaire, croit en la puissance de l‚image, aux vertus de l'art. La BM du seigneur à quelque chose du récit homérique, à la fois belliqueux et apaisant, et le miracle arrive, le film rend désirable la communauté, donne envie de croire au collectif.