La Peau trouée

Un film de Julien Samani

La Peau trouée

Un film de Julien Samani

France - 2004 - 56 min

La Peau trouée est l'histoire de 5 pêcheurs de requins-taupe navigant au large de l'Irlande. C'est le temps d'une retraite pour ces cinq hommes qui quittent leur famille pour vivre un moment loin de tout. Hors du temps, face à la mer et à la violence de la chasse qu'ils pratiquent, ces hommes se retrouvent confrontés à un état primitif. Une fable éclatante de couleurs qui interroge notre rapport à l'animalité.

Avec :
Marianne Feghali et Rawia Elchab

Sorti le 23 mars 2005

Sortie non communiquée

À propos de La peau trouée

On croise parfois ce qu'on peut sans hésiter appeler des « films » sans pour autant qu'on puisse les rattacher à un genre précis, documentaire ou fiction – des films qui existent grâce à la seule matière qu'ils contiennent. La Peau Trouée en est un.

Le film raconte la pêche aux requins à bord d'un chalutier de taille moyenne. Rien d'exceptionnel a priori sauf – et c'est là tout son intérêt – ce qu'apporte le regard du réalisateur. Pour commencer, le silence… celui des hommes à bord qui communiquent instinctivement, des hommes qui se taisent et deviennent chasseurs, prédateurs, tout à leur métier. La ligne métallique couverte de leurres se propage dans la mer, quelques cigarettes s'allument, quelques regards s'échangent, et puis on actionne le moteur électrique qui remonte la ligne, un énorme requin se débat, les hommes bataillent pour le faire monter à bord. Le film devient tableau, celui qu'on aurait pu voir au Louvre, ou bien au musée d'Orsay.

Le bateau est peu à peu envahi de requins dans le ronron assourdissant du moteur diesel. Géante boucherie qui nous renvoie à nouveau cette image de l'homme devenu prédateur des prédateurs des mers, de l'homme animal à la chasse. Pendant de brefs éclairs, le voile poétique se déchire et on reçoit en pleine gueule ce reflet cruel, sans concession : nous avons perdu la conscience de la matière que nous ingurgitons et n'avons pas idée de ce qui est mis en œuvre pour qu'elle soit extraite de la mer.

Le spectateur de La Peau Trouée est plongé dans la sueur, le sang, et l'épuisement physique de ces pêcheurs qui font leur « travail ». Tableau insolite d'une calle remplie de requins géants, image emblématique de ce film à sensations, beau et pur comme ceux qu'il dépeint. Le bateau rentre au port en même temps que le spectateur qui aura tout comme vécu ce moment singulier, plongé dans la matière vivante, dans un film vivant.

Oren Nataf

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