La Vie intermédiaire

Un film de François Zabaleta

La Vie intermédiaire

Un film de François Zabaleta

France - 2008 - 114 min

L'histoire d'une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu, entre une employée de maison et un photographe homosexuel de vingt ans son cadet. Leur histoire, dans une ville No man's land du centre de la France, dure tout un été, quelques années avant l'an 2000. Chaque nuit, ils arpentent les rues de cette ville...

Story of a meeting that should never have happened, between a domestic employee and a homosexual photographer twenty years younger than her. Their story, in an empty town in the center of France, last a whole summer, a few years before the year 2000. Every night, they pace up and down the streets of this town.

Avec :
François Zabaleta

Sortie non communiquée

À propos de La Vie intermédiaire

Quelle puissance poétique dans ce film, en regard de sa simplicité formelle. Visuellement il tient de la photo de famille, du roman-photo, de l'inventaire à la Eugène Atget.

Lieux désertés d'une ville de province, de région plutôt, acteurs posant dans des gares, sur des parkings de supermarchés, devant une centrale nucléaire, archives noir et blanc, plans fixes d'aubes brumeuses, route qui défile et, non pas dessus, mais dedans, avec, une voix-off qui dit des choses profondes, rugueuses, quotidiennes, sexuelles, dures, belles sans être "poéteuses". Cela coule et vous êtes portés par une rivière qui vous emmène vers sa fin, mais vous vous sentez si bien que vous acceptez son rythme. Cela s'apparente à Lettres en Somaliede Frédéric Mitterrand ou certains films de Marguerite Duras.

Une femme parle à un homme: je suis une femme qui écoute son ventre qui lui dit de te laisser sur le rivage,(...) Je suis une aberration,(...) je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi réel que toi. Des ouvriers sortent d'une usine au temps du muet : (...) on n'est pas de ceux qui savent profiter, profiter ça s'apprend jeune, sur le tard c'est trop tard, profiter ça ne s'improvise pas. Et puis à cet homme qu'elle n'aurait jamais dû rencontrer, elle, la boniche, elle dit aussi : J'ai envie que tout le monde m'entende hurler parce que tu me dis que c'est avec moi que tu préfères perdre ton temps. Voir La Vie intermédiaire c'est tout le contraire de perdre son temps puisque ça vous fait avancer: (... ) sentir est ma façon de savoir...


Joël Brisse

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

Je me souviens

Je me souviens de Cannes 2009.

Je me souviens, apprenant, à dix heures du matin, par téléphone ma sélection cannoise, avoir avalé d'une traite un grand verre de vodka Zubrowka.

Je me souviens l'avoir presque aussitôt vomi sur mon tee-shirt Born 2b angel or demon.

Je me souviens de l'air climatisé du TGV Paris-Cannes et, me faisant face, des deux filles moustachues qui jouaient à la bataille en s'humectant les lèvres de leurs langues jaunasses.

Je me souviens qu'il pleuvait.

Je me souviens m'être dit mariage pluvieux mariage heureux.

Je me souviens avoir répondu à un spectateur que je filmais et que j'écrivais comme on se jette par la fenêtre.

Je me souviens m'être dit que Cannes était un paradis pour les actrices et un enfer pour les cinéastes.

Je me souviens, depuis toujours, avoir détesté la Côte d'azur.

Je me souviens, depuis toujours, ne jamais avoir été fasciné par le festival de Cannes.

Je me souviens m'être demandé si je devais porter un costume cravate.

Je me souviens avoir fait des essayages et m'être rendu compte, avec une indifférence amusée, que mon costume rayé de marque improbable était, avec l'épaisseur de l'âge, devenu trop petit.

Je me souviens, pendant une semaine, avoir mangé des yaourts zéro pour cent au citron dans le but irréaliste de, malgré tout, rentrer dedans.

Je me souviens y avoir renoncé en me traitant de pauvre fille pathétique.

Je me souviens avoir déclaré que si la France voulait de l'art, par contre elle ne voulait pas d'artistes.

Je me souviens avoir comparé l'ACID à un stand des droits de l'homme installé en plein village olympique des jeux de Berlin de 1938.

Je me souviens de ce spectateur âgé qui m'a félicité pour ma vision, dans sa bouche qualifiée d'optimiste, de l'homosexualité et du ménage à trois.

Je me souviens de cette femme à la projection du matin, sortie avant la fin, et le regrettant presque, venue me dire, en m'embrassant sur la joue, qu'elle trouvait mon film visuellement beau, mais qu'elle trouvait aussi que je mettais la barre trop haute, que je demandais trop à mon spectateur.

Je me souviens, avant mon départ, des gens de la petite ville de province où je réside, me demandant, avec des étoiles dans les yeux, quand je partais à Cannes et combien de temps j'y restais.


......


Je me souviens, à deux heures du matin, après l'accueil plutôt favorable de mon film, du goût du champagne rosé.

Je me souviens m'être souvenu de cette phrase de Jean Genet : Tout de suite après la mort, c'est peut-être la gaieté ?

Je me souviens m'être senti un être humain parmi d'autres et en avoir tiré une grande satisfaction, celle de n'être que cela, un parmi d'autres.

Je me souviens, au petit-déjeuner le lendemain, de Gilles Porte me demandant d'écrire mes impressions cannoises.

Je me souviens de moi lui répondant que ce ne serait pas sans doute ce à quoi il s'attendait.

Je me souviens de Dominique Boccarossa me répondant, avec un sourire de grand frère, qu'en me sélectionnant personne à l'ACID ne s'attendait à quoi que ce soit.



En hommage à Joe Brainard et Georges Perec. 

Gien, le 20 mai 2009


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François Zabaleta

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Cinéaste


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