Les Antiquités de Rome

Un film de Jean-Claude Rousseau

Les Antiquités de Rome

Un film de Jean-Claude Rousseau

France - 1984-1989 - 105 min

"Nouveau venu qui cherche Rome en Rome. 

_ Et rien de Rome en Rome n'aperçois."

_ Joachim Du Bellay

Avec :
Jean-Claude Rousseau

Sorti le 13 septembre 2000

Sortie non communiquée

À propos des Antiquités de Rome

La solitude du cadre.


Pour pouvoir écrire sur Les Antiquités de Rome il me faudrait oublier combien Jean-Claude est désormais un ami, oublier nos conversations où le cinématographe pouvait s'inquiéter de tant de sollicitude, oublier enfin avoir vu et revu ses films parce qu'ils me procuraient le plus grand réconfort : à nouveau l'émerveillement. Il me faut donc me penser en anonyme et chercher à vous donner à voir en quoi et pourquoi chaque image ayant trouvé un son par cette alchimie cinématographique unique nous propose de nouveau ce que l'on avait pu oublier : l'émotion. Car s'il est un film qui est à même de vous bouleverser, c'est à dire vous mettre les sens dessus dessous, oreille, œil, chair, c'est évidemment celui-là. Et il nous faudrait parler là de cadre et de cette place de caméra qui s'impose, qui ne pouvait être ailleurs tant pour celui qui a fait que pour celui qui cette fois voit. Le cadre dans le cinéma de Jean-Claude Rousseau n'est pas simplement un élément de mise en scène parmi d'autres, il en est la base, la matière même. Car pour lui le cadre est le lieu du passage, et nous voilà obligés de passer à travers dans une défenestration vers un au-delà inconnu, hors champ de nous-mêmes, dans lequel chacun se doit de se jeter pour réussir à VOIR enfin. Non pas cinéma de la contemplation donc, mais cinéma du risque, du pari, du dépassement.

En ce sens, les films de Jean-Claude Rousseau ne se donnent pas, il faut les vouloir, ils supposent un peu plus que notre faiblesse habituelle, celle qui nous fait croire que nous n'avons d'yeux que pour gagner des millions, d'oreilles pour répondre à un téléphone. Car enfin les yeux et les oreilles servent avant tout à aimer. Le cadre donc comme rapport obligatoire au tout. Aussi le film de Jean-Claude Rousseau n'est-il jamais illustratif et les images redeviennent ce rapport que l'on doit faire sien, c'est à dire singulier. Jean Claude Rousseau nous rappelle ainsi combien toute expérience cinématographique est aussi une expérience de sa propre solitude. Et tout cela à Rome et depuis la nuit des temps, ce qui n'est pas rien.

Arnaud Dommerc

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

À propos des Antiquités de Rome

Il est des cinéastes qui nous rappellent que le cinéma est d'abord et avant tout un Art. À chaque plan, à chaque bobine super 8, Jean-Claude Rousseau nous le dit, nous le prouve, faisant tomber une à une nos réticences à admettre l'émergence incongrue de la beauté sur cet écran où ne triomphe guère ces temps-ci, que l'habileté, l'efficacité, quand il ne s'agit pas de pure manipulation… Le tout est de savoir être à la hauteur du film, et pour ce faire aucun savoir ne sera nécessaire ; plutôt un abandon, l'oubli de tout ce qu'on nous a jusqu'ici imposé. 


Les Antiquités de Rome seront en cela une expérience indispensable : savoir revenir à l'essentiel, accompagner le film dans la construction progressive d'un lieu, un espace neuf fait d'images et de sons, monument après monument, ruine après ruine, une ville inouïe qu'observe avec candeur l'artiste à sa fenêtre ; ramenant les images du dehors dans le jeu de miroir intérieur de la chambre d'hôtel. Ni la parole (à laquelle la référence poétique du titre invitait largement), ni la pose, ni même le “ reste ” (amorces, images blanches, bruits parasites) ne prendront jamais le pas sur l'emboîtement inexorable du film qui s'invente sous nos yeux ; reste alors à se laisser gagner par l'incandescence, le travail lyrique d'une durée, dont l'intensité reste toujours menacée par la fragilité même du dispositif (Super 8, montage artisanal), et nous invite à notre tour à protéger le film comme on réchauffe un oisillon dans ses mains. 


Le jeu en vaut la chandelle, car nul ne sortira indemne des Antiquités de Rome. Ce virage, à deux pas du Cirque Maxime, filmé dans une nuit quasi américaine striée d'éclairs blancs et de sons indéfinissables, restera pour moi, accidentelle ou pas, l'une des belles émotions des années récentes. Chacun trouvera ainsi son chemin au coté de Rousseau l'arpenteur, rétablissant du coup la différence subtile entre des cinéastes intéressants et un cinéaste important. Merci pour ces éclaircissements.

Vincent Dieutre

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Cinéaste


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