Dernier volet de sa trilogie Nuit obscure, “Ain't I a child?” de Sylvain George nous interroge dès son titre. Dans un Paris en noir et blanc, le cinéaste, caméra chevillée au corps, nous immerge dans le quotidien de Malik, Mehdi et Hassan, mineurs isolés arrivés depuis peu à la capitale.
Car c'est bien à cette question : ne suis-je pas un enfant ? que nous confronte le film. Mutique, il oppose sans détour l'indifférence de la ville à l'inventivité précaire et la vitalité débordante de ces jeunes garçons, souvent non reconnus comme mineurs.
Ils se déguisent, se bagarrent, volent pour survivre un jour de plus ou simplement passer le temps. Les heures s'enchaînent, il y a peu à faire, peu à filmer, et cet abîme du vide devient la plus grande richesse du film. La durée du film, qui lui confère des airs de cinéma direct, le transforme en expérience d'un cinéma poétique et politique, tel qu'il nous est trop rarement donné à vivre.
Le cinéaste nous confronte ici à une réalité qu'il devient alors difficile d'ignorer : celle d'un monde obscur où la lumière de ces enfants, dans leur désir brûlant de vivre, nous montre le chemin.
- Bernard Cerf, Lana Cheramy et Mona Convert, cinéastes de l'ACID
The final part of his Obscure Night trilogy, "Ain't I a child?" by Sylvain George makes us question from its very title. In a Paris shot in black and white, the filmmaker, with a camera pinned to his body, walks us through the daily life of Malik, Mehdi and Hassan, unaccompanied minors who recently arrived in the city.
Because it is precisely this question, ‘am I not a child?,' that the film challenges us with. Mute, it directly juxtaposes the city's indifference with the precarious inventiveness and the relentless vitality of these young boys, often unrecognized as minors.
They disguise themselves, fight, steal to survive one more day, or just to pass the time. The hours go by, there is little to do, little to film, and this abyss of emptiness becomes the greatest strength of the film. The duration of the film, which gives it a feel of direct cinema, turns it into an experience of poetic and political cinema, one we are too rarely given the chance to experience.
The filmmaker confronts us here with a reality that becomes impossible to ignore: a dark world where the light of these children, in their burning desire to live, shows us the way.