Des familles récemment expulsées occupent le Palais Municipal de Palerme en Sicile : elles n'en partiront pas tant qu'on ne leur aura pas attribué une maison. Or des maisons il y en a, récemment confisquées à la mafia. Ce pourrait n'être qu'un documentaire politique, suivant jour après jour la lutte de ces familles en nous donnant à voir les enjeux d'un combat légitime récupéré ou dénigré par les partis politiques locaux. Mais c'est beaucoup plus que cela. Nous vivons avec eux dans le Palais, entre plans d'enfants enlaçant les symboles de la « démocratie », au milieu des conflits que génère une saisissante situation, tout cela avec un sens aigu de la mise en scène qui nous plonge dans un récit éminemment cinématographique. Jusqu'à cette séquence dans une église où les familles affrontent à distance le Maire de la ville, qui rappelle les films de mafia ou les meilleurs plans d'un Abel Ferrara. Surtout, le film nous engage dans une réflexion universelle sur le sens et le rôle de la politique dans toute démocratie, nous donnant à voir les rouages d'un système par nature impropre à s'emparer de toute dimension humaine.