Parce que j'étais peintre, l'art rescapé des camps nazis

Un film de Christophe Cognet

Parce que j'étais peintre, l'art rescapé des camps nazis

Un film de Christophe Cognet

France, Allemagne - 2013 - 104 min

Ce film mène une enquête inédite parmi les œuvres réalisées clandestinement dans les camps nazis. Il dialogue avec les rares artistes déportés encore vivants et avec les conservateurs de ces œuvres : des émotions qu’elles suscitent, de leur marginalisation, leurs signatures ou leur anonymat, de leur style, ainsi que de la représentation de l’horreur et de l’extermination. Surtout peut-être, il contemple longuement les dessins, croquis, lavis, peintures, conservés dans les fonds en France, en Allemagne, en Israël, en Pologne, en Tchéquie, en Belgique, en Suisse... Dans ce voyage parmi ces fragments d’images clandestines et les ruines des anciens camps, il propose une quête sensible entre visages, corps et paysages, pour questionner la notion d’œuvre et interroger frontalement l’idée de beauté. L’enjeu en est dérangeant, mais peut-être ainsi pourrons-nous mieux nous figurer ce que furent ces camps, appréhender les possibles de l’art et éprouver ce qu’est l’honneur d’un artiste – aussi infime et fragile que soit le geste de dessiner.

Avec :
Yehuda Bacon , José Fosty , Walter Spitzer , Samuel Willenberg et Kristina Zaorska

Sorti le 05 mars 2014

Sortie non communiquée

À propos de Parce que j'étais peintre, l'art rescapé des camps nazis

« Parce que j'étais peintre et parce que j'étais là, à ce moment précis de l'Histoire, vulnérable et désespéré, confronté à la mort au quotidien, « dans cette situation déchirée, insoutenable qu'on appelle la condition humaine » selon les mots de Sartre, j'ai ressenti l'impérieuse nécessité d'observer, de faire quelques dessins modestes dans mon coin, seule manière d'exprimer mon indignation, loin de me douter pour autant que par cela, j'adressais un message à l'humanité. »

Parce qu'il est cinéaste et qu'il se penche depuis 10 ans sur ce pan de l'Histoire, Christophe Cognet réussit à proposer une lecture cinématographique inédite de ces œuvres clandestines. Le film parle du mouvement là où il ne reste que quelques images figées. Il parle de la vie là où la mort règne. Il parle de la beauté là où la cruauté s'est imposée. La caméra s'attarde sur les détails des dessins et les caresse avec une tendresse égale à la sensualité qu'elle nous y fait découvrir.

Le cinéaste nous emmène sur le lieu de naissance de ces dessins, des espaces vides mais pleins de tragique, pour nous mettre dans la peau des artistes inconnus, pour nous faire éprouver leur solitude et adopter leur regard sur le monde. C'est un exemple sublime du regard d'un artiste sur le ressenti et l'engagement d'un autre artiste. La pensée d'Albert Camus continuera à retentir : « L'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme ».

Reza Serkanian

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

À propos de Parce que j'étais peintre

A l'abyssale question de la "beauté" de ces dessins, peintures et sculptures, le film ne veut pas donner de réponse. Son enjeu, obstinément tenu, est de poser la question. Aux survivants, aux conservateurs des musées, aux textes, à ce qui reste des camps. Et à nous. Seuls un immense travail, un grand engagement et une attention rigoureuse au cadre, aux mouvements d'appareil, aux textes et au savoir rendent possible le dialogue que, peu à peu, le film engage avec son spectateur. Il est rare de pouvoir (et vouloir) ainsi interroger un film, anticiper ses questions ; l'emmener, presque, de séquence en séquence. Il est rare qu'un montage soit ainsi, sans jamais jouer de rien, l'équivalent d'un cheminement. C'est ce que le film propose : cheminer prudemment, douloureusement parfois, parmi ces images qui ne cesseront jamais d'être des documents. Avec une proposition majeure : prendre la mesure de ce que nous voyons. Entrevoir la force des gestes, la résistance des yeux, la volonté de tracer, de trouver le papier et la couleur, et de rien lâcher d'une double exigence : l'expression et l'exactitude. Le film continue son travail. Il est certain, et c'est heureux, qu'il ne finira pas.

Marie-Pierre Duhamel Muller

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Programmatrice


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