Bouleversante simplicité d'une chronique sociale au quotidien. Cinéma contemplatif dont le ciment est le silence. A la fois titubant et rigoureux. D'un réalisme qui, à force de répétitions, glisse progressivement vers l'allégorie pure. Le style minimaliste et serein, d'une grande pureté, avec une utilisation intelligente de la profondeur de champ, laisse doucement monter à la surface l'humanité et la solitude des personnages. Sans misérabilisme, sans pathos aucun. Traquer l'invisible à travers une certaine banalité. Avec Perpetuum Mobile, son troisième long-métrage, le cinéaste mexicain Nicolás Pereda signe un film d'une rare profondeur.
En musique, le mouvement perpétuel est une oeuvre dont une partie est répétée plusieurs fois sans jamais casser la continuité de la mélodie. A l'image d'une scène du film où la petite amie de Gabino, le personnage principal, remonte dans le camion quelques secondes après l'avoir quitté comme si le même plan était monté en boucle. Même cadre, même action, mêmes dialogues et pourtant nous sommes toujours dans la continuité. Les reflets sur le pare-brise prennent alors une autre dimension et font écho à cette scène miroir. Construction en abîme. Refrain d'une poésie du quotidien. Poétique du temps qui se dilate ou se contracte brusquement.
Paradoxalement, ce mouvement perpétuel nous parle aussi du drame lancinant qui gagne toute chose vouée à disparaître. Mais cette mort n'est pas triste. Au contraire, elle souligne ce qui existe. Elle rend chaque instant unique et précieux.