Ce film commence et se conclut par un extrait d'un classique télévisuel, une émission de Bernard Pivot. Entre les deux, des images aux cadres toujours « décadrées », un rythme presque toujours effréné, qui nous propulsent apparemment tout droit dans l'univers contemporain du petit écran, celui de M6 ou de Canal+. Apparemment seulement. Sur ma ligne, tout en empruntant son écriture à des figures télévisuelles qui distraient perpétuellement le spectateur du sens, réussit, contrairement à ces reportages épuisants et vains, à créer du sens et quel sens : il nous donne à comprendre et à sentir de manière juste et émouvante comment s'écrit une œuvre. Grâce à son agitation stylistique, émergent de manière originale des personnages particulièrement émouvants : son fidèle ami et sa mère attentionnée ; un espace singulier , la petite chambre de Rachid Djaïdani, lieu quasi unique du film et son pendant, la banlieue, qui acquiert une forme de présence originale en restant hors champ ou en étant seulement aperçue au travers des fenêtres. Par son inscription dans la représentation télévisuelle et en même temps sa capacité à en faire autre chose, à la transfigurer, Rachid Djaïdani réalise un documentaire étonnant et nous raconte doublement ce qu'est la création, en inventant pour ce sujet improbable, une écriture cinématographique singulière.