À propos de ATLANTIC BAR

Thomas
Paulot

Cinéaste

Nicolas
Peduzzi

Cinéaste

Nathalie, on la connaît. On l'a tous vue, fièrement campée derrière son comptoir. Entendue, avec sa voix éraillée par le tabac et l'alcool, entourée de la garde rapprochée de ses piliers du bar. Tout ça on le connaît, ou on croit le connaître, pour peu bien sûr qu'on ait déjà franchi la devanture sans qualité d'un de ces cafés populaires qui restent le centre névralgique des villes et villages français, où l'on refait le monde à coup de café, de blanc sec, de bière ou de pastis. Et pourtant, à mesure que la réalisatrice Fanny Molins creuse ce minuscule territoire aux marges des quartiers chics de Arles, c'est une histoire bien plus riche que ce à quoi on s'attend qu'on est invité à découvrir, une histoire faite de rencontres, d'amours, et de drames. 


« Invité » parce que c'est avec beaucoup de pudeur et de douceur qu'on pénètre dans ce lieu et ces récits de vie cabossée, où les personnages avec qui on se lie s'adressent à nous comme des hôtes attentifs conscients de notre capacité à recevoir leur parole. 

Derrière ces destins singuliers, mis en lumière par la beauté du cadre et le travail sur la couleur, c'est aussi un monde en péril que nous dévoile la réalisatrice. Car l'Atlantic Bar est menacé par les appétits de la gentrification. Nathalie et Jean-Jacques risquent de perdre leur bail et leurs habitués, le dernier lieu où ils pouvaient retrouver une solidarité et une écoute, penser leur corps meurtris par le travail et leurs cœurs blessés par les revers de la vie. Alors la résistance se met en place, l'aventure devient politique et le combat de l'Atlantic Bar devient le nôtre.


Nathalie looks familiar to all of us. We feel like we have already seen that woman, who proudly stands behind the counter of her bar, surrounded by the local barflies who protect her like guards. We have already heard her voice, hoarse from years of too much smoking and drinking. We all know this kind of character, or at least we think we do if we have already stepped inside one of these old and tired blue-collar cafés that are still the heart of all French towns and villages. Nathalie's café is one of these places where the regulars spend their time talking and imagining how to change the world while guzzling coffee, white wine, beer or pastries. Nevertheless, as the filmmaker, Fanny Molins, makes us pace this tiny territory at the periphery of Arles' upscale neighborhoods, the story she unfolds is much richer than what we thought we were invited to discover. It is a story of encounters, love and drama. 


Yes, we can feel that we are actually « invited ». Because it is with delicacy and decency that the film introduces us to this place and tells us about the broken lives of individuals we come to feel close to, men and women who speak to us like careful hosts who are aware of our capacity to listen to them. 


Beyond the singularity of these destinies, which are brought to light by a stunning work on color and the way the shots are framed, it is a world in peril that the filmmaker reveals to us. Because the Atlantic Bar is threatened by the voracious appetite of gentrification. Nathalie and Jean-Jacques risk losing their lease and their regular customers, the very last place where they could find sympathetic ears and a sense of solidarity, a place where they could take care of their bodies, ravaged by work, and mend their hearts, wounded by misfortune. This is the moment when a form of resistance emerges. This is when the story becomes a political one and when we, the viewers, make the fight to defend the Atlantic Bar our fight too.

Thomas Paulot

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Cinéaste

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Membre du Conseil d'Administration


Nicolas Peduzzi

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Cinéaste


Publié le mardi 26 avril 2022

Paroles de cinéastes

ATLANTIC BAR

Un film de Fanny Molins
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