Jean-Marc
Delacruz
Programmateur
L'Amour debout est un film essentiel et précieux qui, s'il connaît ses classiques (on pense à Jean Eustache ou Éric Rohmer), réussit surtout à inventer une nouvelle syntaxe du désir. Michaël Dacheux a su capter quelque chose de l'époque et de ses nouveaux codes, cette précarité qui gagne un à un tous les domaines, professionnels, sentimentaux et sexuels.
C'est un film très simple et très libre à la fois. Une jeune femme moderne aime un jeune homme moderne, qui lui-même aime un jeune homme moderne. L'humilité de son histoire et des rapports entre les personnages placent le film dans un temps incertain, à la fois en prise avec ce qui nous est très concret et contemporain, à la fois plus suspendu et badin. Le réalisateur fait jouer ses acteurs et ses actrices à la manière d'une petite troupe de théâtre où chacun amène ses singularités et leur joie de se retrouver. Cela insuffle une fraîcheur qui semble circuler de scènes en scènes et passer entre tous les nombreux bâtiments qui ornent L'Amour debout. Les architectures originales que l'on ne cesse de croiser sont comme des métaphores du film : parfois classiques, parfois joliment biscornues, parfois très solides, parfois chancelantes, elles composent un parcours urbain poétique. Rester debout dans ce paysage en perpétuel mouvement et s'y aimer librement, voici la belle promesse que nous fait Michaël Dacheux.
Jean-Marc Delacruz
-Programmateur
Publié le lundi 21 janvier 2019