Land of Scarecrows, terre d'épouvantails, est une succession de tableaux à la fois magnifiques et cruels, un film poétique, méditatif, décalé, parfois irréel mais qui parle de notre monde d'aujourd'hui. Deuxième volet d'un triptyque sur la pollution environnementale, physique et mentale. Avec une économie de moyens et un style proche du film expérimental, Gyong-tae Roh nous présente une œuvre en marge du cinéma, comme le sont ses personnages, en marge de la société.
Le premier plan du film nous présente une danse traditionnelle coréenne. Un rite purificateur exécuté pour exorciser le malheur. En vain. L'eau qui donnait la vie est polluée par notre société de consommation qui prône la croissance perpétuelle comme ultime valeur. Elle empoisonne nos enfants pour laisser place aux fantômes. En larges plans fixes, un pessimisme à la Beckett, à la fois énigmatique, absurde, drôle et mélancolique, le cinéaste a trouvé sa distance par rapport aux personnages, par rapport au monde. Les gros plans se comptent sur les doigts d'une main. Il observe, mais son regard, teinté d'humour noir, est sans concession. Notre monde est devenu une décharge sur laquelle sont plantés quelques épouvantails qui ne font fuir que ce qu'il reste de poésie, d'humanité.
Publié le mercredi 13 septembre 2017