À propos de Robert Mitchum est mort

Francine
Henry

spectatrice

Conte philosophique moderne et « roman » d'apprentissage, c'est un film ouvert sur une multitude de pistes.

Trois personnages aux prises avec le réel tentent de façonner leur destin ; parmi eux un jeune homme sort de sa chrysalide et devient lui-même en s'arrachant à l'influence de l'autre et en partant sur le chemin de la vie. Pour qu'il naisse cependant, il faut que son tuteur dis paraisse et qu'il arrive dans ce lieu de nulle part, de table rase, où tout redevient possible, un lieu de mort et de renaissance.

C'est un conte de fées aussi, avec son mauvais génie tentateur, ce malheureux impresario rongé par l'ambition, qui finit par disparaître, non dans les flammes de l'enfer, mais dans la glace du Pôle. Avec son bon génie protecteur, le musicien noir aux ongles crochus pourtant inquiétants, mais au grand cœur. Avec sa fée, la Polonaise de la frontière qui fait passer d'un monde à l'autre, découvrir l'amour, apprendre la nécessité de la séparation et donne l'énergie au jeune Franky d'abandonner les somnifères, de se mettre debout et de partir seul.

C'est encore une histoire bien réelle avec des hommes qui rêvent, que leurs rêves dévorent, mais qui restent pathétiques et tendres : jusqu'où y a t il manipulation de Frankie par Arsène ? Quand commence l'attachement ? Pygmalion ne peut vivre lui non plus sans sa créature. Le musicien noir, qui de son côté abandonne le trio donne à son départ la forme d'une bénédiction. Quant à la bonne fée polonaise, elle veille sur Franky depuis les nuages.

La fenêtre est ouverte pourtant sur une société désemparée où le monde du spectacle est le dernier refuge, dérisoire, du besoin de grandeur et d'héroïsme ; dérisoire parce que tellement banalisé, tellement devenu marchandise qu'il n'est plus que caricature. Le temps des westerns est bien fini.

Miracle, néanmoins, avec leurs corps hors normes, le musicien, Franky nous fascinent. Et même le délire mégalomane d'Arsène. Ils nous entraînent dans des décors urbains et industriels, délabrés parfois, dans une chevauchée fantastique qui n'est pas que parodie. L'aventure et le chevaleresque s'insèrent là où on ne les attend pas.

C'est hugolien, au fond : « le beau, c'est le laid », de belles âmes dans un corps dégingandé, dans un cerveau affolé. C'est un peu une prose de l'Arctique à la Cendrars.. Totalement loufoque et insolite, décousue comme la vie, qui ne prend sens qu'après coup, rythmée comme elle, avec ses accélérations et ses ralentis, c'est une histoire vraie.

Francine Henry

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spectatrice


Publié le dimanche 13 août 2017

Paroles de spectateurs

Robert Mitchum est mort

Un film de Olivier Babinet
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