A propos de THE LAST HILLBILLY

Idir
Serghine

Cinéaste

Anne
Alix

Cinéaste

Ça commence par les images d'un monde malade et une voix qui nous attrape et ne va plus nous lâcher, une voix qui ose parler de l'ampleur de la vie, de sa beauté, de son tragique. Une voix, celle de Brian, Last Hillbilly du titre, cassée, incantatoire, habitée. Il nous fait rentrer dans son monde : les monts des Appalaches, situés à l'est du Kentucky, état rural et blanc à mi-chemin du Midwest et du sud profond. A partir de ce « tout petit point » : un lieu et une famille, le film déploie en vérité l'histoire de l'Amérique, des pionniers à aujourd'hui. Une histoire de violence et de mort, d'exploitation et de défaites. Une histoire d'amour et d'union des hommes à la terre, à leur terre, qui les fait être ce qu'ils sont, et qui est aujourd‘hui menacée.


On le voit, le film assume un héritage culturel bien ancré dans notre imaginaire collectif. Celui d'une Amérique qui s'est construite autour de figures mythologiques puisant autant dans une esthétique cinématographique que littéraire – on pense, entre autres, aux écrivains Faulkner ou Cormac McCarthy ou aux portraits hallucinés de James Agee dans Louons maintenant les grands hommes. Mais s'il importe aux cinéastes de ne pas se laisser déborder par cet imaginaire, y parvenir n'est pas une mince affaire. Il faut l'exigence d'un cadre qui s'accorde aux fulgurances, aux errances des personnages. Un montage qui ne se laisse pas complètement submerger par la beauté de ce qui est montré. Un travail sonore qui s'apparente à de la composition musicale, toujours au service d'une émotion qu'il s'agit de divulguer avec une évidente élégance.


Avec une extrême acuité, les cinéastes regardent et écoutent Brian, sa famille, la nature. Ils captent avec subtilité cette vie de rien : des enfants rentrant dans une rivière, une tombe familiale dans un cimetière où flotte le drapeau confédéré, l'appel des coyotes qui ne répondent plus mais dont l'écho renvoie l'image de notre présence au monde, un enfant qui se plaint de l'ennui abyssal et injurie l'univers tout en tournant comme lui en une spirale sans fin. A mesure que les cinéastes pénètrent plus avant dans ce territoire, s'approchent des corps, le film qui avait commencé avec l'éclat d'un diamant noir se fait de plus en plus lumineux. A tout instant, la vie est là, indicible et immense.


It all starts with the images of a sick world, with a voice which grabs us and will not let us go, a voice which dares talking of the magnitude of life, of the beauty of life, of its tragedy. This voice belongs to Brian, the last hillbilly, the main character of the film. It is a broken, incantatory and haunted voice. He invites us into his world: the Appalachian mountains, on the eastern side of Kentucky, a rural, mostly white state, equidistant from the Midwest and the Deep South. By focusing on the story of one family living in a specific tiny place, the film also tells the story of the whole country, from the arrival of the first white settlers to 21st century America. It is a story of violence and death, of exploitation and failure. It is also a love story between men and their land, the land that made them who they are and which is under threat today.

The movie transparently bears a cultural legacy that is deeply engrained in our collective psyche: the culture of a country whose pillars are mythological figures sharing a common aesthetic, be it visual or literary. One often thinks of writers such as William Faulkner and Cormac McCarthy, or of the almost surreal portraits of James Agee's most famous novel, Let Us Now Praise Famous Men.


However, if not being submerged by this aesthetic mattered to the directors of The Last Hillbilly, being able to reach it has by no means been an easy task. What was needed was a very rigorous framework which could be adapted to the characters' wanderings and ramblings; an editing which wouldn't be outshone by the beauty of what it portrays, a soundwork evoking musical composition and which serves emotions exposed with elegance.


The film directors observe Brian, his family and the nature that surrounds them with an extremely sharp eye. They have been able to capture the subtlety of these people's paper-thin life: children nimbly walking into a river, a family grave in a cemetery where the Confederate flag flies, human beings howling at coyotes who do not respond anymore, which only leaves them lonelier, a young boy complaining about his colossal boredom and hurling insults at the universe while endlessly spinning around. The further the filmmakers penetrate this territory, the closer they get to their characters' bodies, the more luminous this black diamond of a movie becomes. Life flows at every moment, immense and unspeakable.


Idir Serghine

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Cinéaste


Anne Alix

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Cinéaste


Publié le vendredi 19 juin 2020

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The Last Hillbilly

Un film de Diane Sara Bouzgarrou
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