À PROPOS DES HOMMES

Christian
Sonderegger

Cinéaste

Idir
Serghine

Cinéaste

Derrière la vitre de sécurité, la silhouette agitée d'un détenu tournant en rond. La scène dure, hypnotique. La caméra insiste. Les traits du jeune homme nous deviennent familiers. Sa rage fait place à la détresse. Sous nos yeux, il s'humanise. En un plan, les cinéastes plantent le décor et exposent sans équivoque leur ambition : déceler l'humanité en milieu carcéral. 

La première sensation qui transpire de ces images est celle d'une lumière s'infiltrant partout dans ces espaces clos, illuminant tous ces visages heurtés par la vie. En tout point, ce long-métrage porte une exigence photographique qui permet de saisir la trajectoire de ces hommes.

L'audace du film est aussi celle-ci : par une mise en scène sophistiquée, sans misérabilisme, Alice Odiot et Jean-Robert Viallet font sauter les clichés du genre, nous offrant une vision de la prison inattendue, provocante. Révéler l'humanité circulant dans un lieu bâti pour en effacer la trace est un acte subversif. Mais la brutalité du monde carcéral n'est pas occultée. Elle nous est rapportée par le hors-champ, un regard, un murmure. Donner la parole à ces hommes, nous donner à voir ces fragments de vie c'est reconstruire leur destin. Cette liberté d'écriture prise par les cinéastes est un geste esthétique et politique dont on sort grandi.


On the other side of a security window, the restless silhouette of a prisoner, going in circles. The scene persists, hypnotic. The camera insists. The young man's face becomes familiar. His rage overcomes distress. Under our eyes, the inmate's humanity prevails. In a single shot, the filmmakers set the scene and reveal their ambition: finding humanity within the prison environment. What first emerges from these images is light, seeping everywhere into these enclosed spaces. Light illuminating faces wounded by life. Everything in this feature carries a cinematic requirement, which enables us to seize the journey of these men. The film's audacity is also to be found in a sophisticated esthetic, which refuses to surrender to the pitiful. Alice Odiot and Jean-Robert Viallet succeed in blowing over clichés of the genre, offering a truly unexpected, provocative vision of prison life. Revealing what is human in a place built to erase any remaining shadow of humanity, is in itself a subversive move. But the brutality of the prison is not concealed. We access it through what is kept outside the frame, a look, a whisper. Letting these men speak, giving us access to fragments of their lives, is a way of reconstructing their destiny. This freedom within the narrative taken by the filmmakers, is an action both esthetical and political. And in it, as an audience, we thrive.


Christian Sonderegger

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Idir Serghine

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Cinéaste


Publié le lundi 29 avril 2019

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Des Hommes

Un film de Alice Odiot
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