_ Un immeuble qui sort de la matière au cinéma, une caméra qui tangue, de la pellicule qui ne serait ni noire ni blanche mais qui aurait choisi d'être trace du monde et mémoire du cinématographe.
_ Un corps sorti des « bas-fonds » mais sans le roman et les dialogues, une bande-son qui murmure autre chose que la voix, mais qui inscrit le plan de l'éternité.
_ Des êtres de ceux que l'on ne compte pas qui se jettent dans le vide, vers la mort sans doute. Le doute car cette caméra qui regarde ce que l'on ne voit pas, n'inscrit jamais du hors champs, seulement du non-vu. Une photo dans la durée pour que ce monde halluciné nous rappelle que tout vient de là, de cette profondeur, de ce réalisme.
_ Un drame réaliste comme dans Chaplin ou Griffith, pour nous rappeler que la poésie est noire.
_ Un corps aimant pour affirmer cette révélation : la douleur ne naît pas de la lumière mais des êtres.
_ Un dialogue qui nous rappelle que le cinéma doit être sonore. Un tableau avec toutes ces couleurs pour que le regard apprenne le temps.
_ Ivan Le Terrible, lové dans une statue, le regard hors du monde, pour nous dire que la Russie a plus de cent ans, mais aussi Buster Keaton à St Petersbourg pour affirmer cette réalité terrible : qui sait si la Russie existe encore ?
_ Un immense cinéaste, Sokourov, pour nous faire rêver que le cinéma existe et qu'il dépend de nous qu'il ait plus de cent ans.
Publié le lundi 18 septembre 2017