« Comme un fleuve, qui semble toujours identique mais où l'eau n'est jamais la même, nous changeons, ainsi que les choses, c'est pourquoi nous ne pouvons vivre deux fois la même chose ». -Héraclite
Parce que tout est un changement perpétuel, tout ce qui fait nos vies artistiques, intimes et collectives, nos engagements politiques et poétiques s'opposent à l'idée d'inertie. Rien ne demeure jamais identique et le cinéma bâtit toujours avec des espaces / temps qui s'écoulent, même si c'est de façon infinitésimale. Retenir, contraindre, figer politiquement le temps, c'est vouloir être « le maître des horloges », mais c'est à coup sûr tordre le bras à ce qui épanouit les possibles. Nous aimons envisager le mouvement comme un des principes actifs du désir et de toute création, que nous en soyons spectateurs ou bâtisseurs, et de toute vie collective.
Suite à la dissolution de l'Assemblée Nationale, des élans et des énergies immenses se sont mobilisés, ont construit des espoirs, créé des rapprochements et ouvert de belles brèches vers de nouvelles perspectives. Et voilà qu'un temps suspendu nous est imposé. Et il dure pour déliter, laisser choir, nous figer dans une sidération calculée. La confiscation du temps qui s'écoule, des combats qui transforment, a le projet de retenir nos énergies et de faire se dérober le sol sous nos pieds. Empêcher le mouvement impose une violence politique à toutes et tous, qu'ils·elles œuvrent pour le changement ou qu'ils·elles souhaitent simplement, au jour le jour, tisser, fabriquer, et résister à ce qui tente de nous figer lentement.
Par nos énergies rassemblées et en dépit d'une séquence politique absolument sidérante, nous construisons une rentrée, renforcée dans ses désirs très forts de liens, de cinéma et de collectivité. Avec obstination, nous nous opposerons à tout ce qui nous sépare et attriste : en allant encore plus loin dans tous les territoires, pour encore plus de rencontres, de dialogue et de cinéma.s, et en refusant les catégorisations de ces territoires, qui sont autant de ruptures qui nous sont imposées. Ainsi le mois de septembre marque le début de la saison que nous porterons ave désir et énergie. Avec les reprises de la programmation cannoise, les soutiens aux sorties qui s'annoncent, le déploiement « d'un.e cinéaste une salle », les premières réunions associatives à Paris et à Marseille, les cinéastes de l'ACID seront partout, en mouvement.
Publié le lundi 30 novembre -1