Jean-Pierre Thorn est un cinéaste engagé. Il croit aux vertus de la parole donnée, à la fragilité comme à la puissance d'une mise en forme, et croit naturellement pouvoir modifier une réalité en l'exposant. Et c'est avec une rare constance qu'il y parvient car son militantisme exigeant préserve une distance salvatrice avec ce qu'il montre et ce qui est dit. Il peut, sans brutalité ni discours, renverser les idées simplistes de nos dirigeants, dénoncer la déliquescence des banlieues volontairement abandonnées par ces mêmes instances et prouver, avec une forme de l'art presque aristocratique, que les tords ne sont pas à partager avec ceux qui font les lois contre la plus élémentaire des libertés : vivre avec sa famille. Mais le cinéaste ne se limite pas seulement aux apparences de l'injustice, il dévoile ostensiblement, avec une maîtrise de l'expression cinématographique, une pensée que nos politiciens préfèrent gentiment écarter de leurs promesses électorales : la connaissance des arts, ou l'exercice de l'une de ses disciplines, protègent du gouffre de la délinquance.
Publié le mardi 12 septembre 2017