Un film de plus sur les migrants ? On ne peut douter de la légitimité du cinéaste à traiter de ce sujet étant lui-même Iranien de deuxième génération, vivant en Europe et de surcroit le cousin d'un des protagonistes du film. Le sujet on le connaît, des migrants qui rêvent de s'installer en Europe, coincés entre deux destinations, ici Athènes, sans papiers, confinés dans une pièce où ils se succèdent au fil des séjours en prison et des départs parfois couronnés de succès.
Le génie du film est de nous mettre au cœur de ce microcosme, le cinéaste y ayant lui-même séjourné plusieurs mois, pour nous faire ressentir, comprendre les préoccupations qui animent, traversent ces êtres humains : espoirs passagers, petites combines astucieuses, victoires minuscules, conflits individuels, peurs, découragement qui conduisent certains d'entre-eux à des comportements plus extrêmes mais aussi à des situations burlesques comme cette scène des préparatifs de départ ou il faut s'habiller, se parfumer, se coiffer pour ressembler autant que faire se peut à la photo de ce passeport sans doute acheté très cher.
Toujours avec pertinence, justesse et discrétion le cinéaste nous emmène dans son récit et on se laisse embarquer volontiers, renonçant à nos a priori, enfin prêt à comprendre, à accepter ces destins individuels, aux histoires différentes, mais eux tous rassembler dans le même bateau d'une communauté dont le dénominateur commun est la volonté farouche de vivre et non de survivre.
Publié le lundi 11 septembre 2017