Ali
Akika
Séquence 1 - île de Gorée - Maison des esclaves : un vieux sage africain conte le voyage sans retour de millions de déportés dans les lointaines Amériques. Dernière séquence : le même vieux sage enterre, sur cette île-témoin, son neveu assassiné aux États-Unis. Le début et la fin du film résument l'insoutenable souffrance des esclaves d'hier, la dureté et la permanence des rapports de domination d'aujourd'hui... Pour nous imprégner de cette leçon de choses africaines, Rachid Bouchareb nous promène calmement aux USA en nous épargnant les habituelles images de l'hystérie américaine. Et dans la traversée de cet immense continent, Bouchareb nous fait entendre la douloureuse ballade de la tragédie africaine née dans les plantations de coton et qui continue de nos jours dans les rues de Harlem... Esclaves à identité décapitée, leurs rejetons fiers de cette blessure, immigrés africains d'aujourd'hui sans papiers, telles sont les images qui sautent aux yeux du vieux sénégalais au contact de cette Amérique si convoitée. Mais notre vieux sage, doté d'un capital précieux (l'amour), ne s'enfonce pas dans la fange engendrée par le dieu-dollar... Il sèmera un peu de cet amour dans le jardin d'une descendante d'esclaves avant de retraverser l'océan, mais cette fois en homme libre... Avec Little Sénégal, Rachid Bouchareb en restituant la mémoire des esclaves nous rappelle que la dignité de tous les transplantés du monde est encore un combat à livrer...
Ali Akika
Publié le jeudi 14 septembre 2017