Mais qu'a-t-il trouvé ce japonais d'Aoyama Shinji pour s'approprier le mot de ce grec d'Archimède : Eurêka, et intituler son film de la sorte ? On pourrait répondre - admiratif que l'on est - qu'il a trouvé un style. Un style radical, sans concession ni fioriture, têtu et obstiné dans sa frontalité. Un ton qui laisse les gestes, les silences, les regards et le temps organiser la mise en scène. Qu'il a trouvé le moyen de raconter, sur des bases simples et contemporaines, une certaine histoire du Japon : celle d'après Hiroshima et Nagasaki, celle des survivants. Enthousiaste, on veut répondre qu'il a trouvé les moyens de réussir son film. Mais au fond cette interjection : Eurêka, est plus l'exclamation de ses personnages trouvant tant bien que mal à reconstruire leur vie - à ne pas se noyer - après de terribles traumatismes, que celle du cinéaste devant son film achevé. Et c'est là, dans cette idée du poids que se trouve tout le projet d'Aoyama Shinji et le lien avec la loi de la pesanteur d'Archimède. Car si les personnages retrouvent confiance en la vie c'est par la mécanique et le mouvement même de cette loi, par cette force verticale dirigée de bas en haut et exercée sur tout corps plongée dans un fluide. Le bouchon de liège d'Archimède remonte à la surface par un principe de pesanteur et c'est cette même poussée, vitale à l'univers, qui anime magistralement les personnages et tout le film d'Aoyama.
Publié le vendredi 15 septembre 2017