La Vie sauve... Ou le « cinéma sauf » a-t-on envie de dire : un film - véritable manifeste - d'un amoureux fou du cinéma : film de pure contemplation, de silence laissé aux choses et aux êtres, de refus de tout pathos, de toute manipulation, de tout effet. Deux femmes, un choix, deux réponses. Tel pourrait être résumé en trois mots la simplicité absolue du propos. Tout est suggéré, effleuré par la caresse d'un regard. Rien n'est dit. Respect absolu du spectateur, du comédien, regardé et aimé comme jamais. Temps offert au temps, qui finit - par une magie propre au cinéma - à faire imploser de l'intérieur le cadre de l'image, libère son pouvoir d'étrangeté, sa part de fiction. Un film, pour moi, comme un exemple, lavant notre regard de tout l'audiovisuel ambiant qui nous gave de sens. Là, tout le contraire : rien... Et dans ce rien le mystère même du cinéma, avec une comédienne qui crève l'écran de l'épaisseur de son silence et de l'acuité de son regard sur la solitude de nos villes, jusqu'à cet éclat de rire final avant de s'envoler - sans regret - pour sa Bosnie natale.
Publié le vendredi 15 septembre 2017