Tourné dans la Montagne Noire, entre Carcassonne et Mazamet, Fin d'été se présente sous l'apparence d'une production régionaliste, confirmée dès le départ par des images à caractère documentaire, très impressionnantes, dès le pré-générique. Le film régionaliste français nordiste, occitan ou autre se signale généralement par une approche larmoyante, boy-scout (le passé qui disparaît, la terre qui meurt, le chômage qui monte), très conventionnelle et apte à séduire la majorité silencieuse locale et les Conseils Généraux. Heureusement, rien de tout cela ici. Pour notre plus grand plaisir, le film dérive lentement, sournoisement. D'abord parce qu'il s'oriente vers la description de la vie marginale d'une communauté très libre et sans problèmes, qui semble peu réaliste, voire utopique ou fantasmée, et aussi parce qu'il change fréquemment de registre, feignant l'identification au discours sophistiqué de ses personnages (qui se révèlera plus ou moins auto-parodique). La provocation y est fréquente. Les personnages s'y promènent souvent nus. Ce qui est provoquant, ce n'est pas cette nudité en soi, mais le fait qu'elle ne cherche jamais à susciter l'émoi sexuel du public. Un ton de liberté, apte à faire naître des surprises : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. L'opposé du film clean et poli coutumier à notre époque.
Publié le vendredi 15 septembre 2017