Ce qui est remarquable dans ce film en est l'économie générale, décidée à tous les niveaux de la mise en scène, et qui donne à ce conte de la vieillesse les qualités de l'épure. Si l'influence du grand maître finlandais Aki Kaurismaki saute aux yeux, c'est pour le meilleur, car elle nous ouvre la porte d'une maison que nous connaissons bien et que nous aimons, et ne saurait se résumer à une allégeance stylistique. Il ne serait pas judicieux de révéler où nous amène ce conte, car il faut faire l'expérience du temps et des détours qu'il prend pour nous faire exploser à l'âme quelques-unes des questions essentielles auxquelles nous préférons habituellement ne pas penser. Et puis il y a pour leur donner un visage et une voix cette incarnation formidable de Lasse Pöysti, d'une rare économie justement, lui-même entouré de personnages non moins excellemment dessinés. Un premier film mais du grand cinéma, profond, subtil, et parfaitement modeste, assez apte en fait à nous rendre meilleurs. Philippe Fernandez, cinéaste, membre de l'ACID. Juste derrière le rideau, si près et pourtant déjà si loin, il y a Thomas. Je l'ai tout de suite aimé comme un ami avec lequel on chemine mais qu'on oublie parfois de regarder tant il nous interroge. Je l'ai aimé pour ses renoncements, ses plaies, ses bosses, sa vieillesse. Parce qu'il est beau, courageux, qu'il nous raconte simplement, sans frayeur, avec une singulière élégance, l'immuabilité des souvenirs, la force de l'amour, les combats perdus, le temps qui passe.
Publié le lundi 18 septembre 2017