Ce Fils adoptif arrive du Kirghizstan. Son auteur est aussi inconnu pour nous que le fut il y a deux ans Omirbaev cinéaste Kazakh célébré depuis Kaïrat avec la vénération d'usage que l'on sait chaque fois que l'on découvre une cinématographie jusque-là inconnue. L'étonnant ici tient dans ce que l'on pourrait désigner par « le miracle du monde à son aurore ». La lumière, les corps, les visages, la campagne, les rivières, le vent dans les arbres, la nuit qui tombe, tout semble naître à l'origine de toute chose. Ce surgissement miraculeux, inexplicablement protégé de l'horreur mercantile planétaire est filmé de la manière la plus primitive. Une simplicité élémentaire, un regard humble comparable à celui d'un Rossellini regardant les frères des Fioretti. Parfois un doute traverse furtivement l'esprit : est-ce là le comble de l'innocence à son plus haut degré d'inconscience, ou au contraire la stratégie diabolique d'une habilité au sommet de son efficience et de sa maîtrise invisible ? Prenons aujourd'hui le pari, au risque de le perdre un jour prochain, en choisissant la première hypothèse. Alors ce film est une rareté absolue, la vision archaïque d'un monde éloigné dans le temps, intact et lumineux dans la grâce suspendue d'une manière indicible, celle qui persiste dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance.
Publié le lundi 18 septembre 2017