Parfois, « des individus essaient d'être justes dans une société qui ne l'est pas, et peut-être, qui ne peut pas l'être ». Guillaume Malandrin filme un homme dans sa tentative d'être juste lui-même. Un repris de justice qui retisse les fils d'une vie éclatée. Fils, ce fils qui n'a pas connu sa mère, qui voit de temps en temps son père. Bien sûr, on pourrait sourire qu'un Malandrin raconte l'histoire d'un voleur. Mais Guillaume n'est pas seul dans cette affaire : au scénario, on retrouve son frère Stéphane et Jacky Lambert qui interprète magnifiquement (d'autres évoquent Shadows) ce quarantenaire en quête d'un deuxième souffle. Eux trois ont concocté un film libre, à l'élégante légèreté, deux semaines de tournage, une équipe de neuf personnes, tous ensemble portés par un désir à la fois modeste et farouche : filmer une existence. Jacques, sans fatalisme, habite le film, de dos, de face, silencieux ou rêveur, quand il n'est pas avocat de sa propre cause, tout entier tendu par sa quête d'un nouveau quotidien où seraient abolies la faute, la séparation, et la rigueur du Nord. Où l'amour serait la base, la clé de voûte. En une heure à peine, Jacques, Anne, leur fils, marquent l'écran de leurs retrouvailles, de leurs questions, de leurs sentiments à fleur de peau. Ils font effraction, et longtemps après ils demeurent. On en viendrait presque à sauter dans le premier train pour le Lot, pour aller prendre l'apéro avec Jacques, qu'il nous donne des nouvelles. « Je voulais raconter une histoire en prenant tous les risques possibles et un minimum d'artifices. Il s'agissait de créer une harmonie entre les moyens et l'ambition. C'est un film construit avec sa logique de production et de mise en scène ». Avec peu, tu nous offres beaucoup. Vivement la suite.
Publié le lundi 18 septembre 2017