Une nuit et l'aube sur la Terre. Trois pays aux antipodes dont les frontières s'étiolent pour recomposer un seul et unique monde, réunifié le temps d'une nuit, par le regard sibyllin de ces insomniaques. Goodnight Nobody est une traversée sensorielle où s'incarne cet entre deux mondes, évanescent, lancinant par essence, où s'invente un territoire pour tous les apatrides du sommeil. On est traversé par ce film comme par des paysages mentaux. Et si on accepte un instant de s'y abandonner, grandit alors en nous une empreinte émotionnelle aussi indélébile que fugace, aussi subtile que forte, un état interlope que l'on quittera à regret avec un goût de nuit blanche. De la mise à en scène à la musique, tout ici travaille à nous faire lâcher prise, à sombrer dans le film au moins aussi fortement que d'autres résistent au sommeil. La bande son, volatile comme une nuée d'éther, nous plonge peu à peu dans un état hypnotique, nous offrant, et c'est un comble, un possible repos.
Publié le vendredi 13 octobre 2017