Moscow Belgium commence par une malencontreuse marche arrière, pourtant sous l'apparente légèreté de la comédie, « du marivaudage », il aborde de manière frontal l'ambiguïté de nos sentiments et de nos choix, notre difficulté à les confronter à l'épreuve du quotidien. Matty, la quarantaine, a trois enfants et un mari, professeur d'art plastique, qui vient de la quitter pour vivre avec une de ses élèves de vingt ans de moins que lui. Alors qu'elle espère son retour, elle rencontre Johnny, camionneur, lui aussi plus jeune qu'elle. A partir de ce moment, la vie de toute la famille commence à dérailler de manière insidieuse mais aussi chacun se dévoile. L'écriture sans détours du réalisateur, Christophe Von Rompaey, décrypte avec délectation et ironie ce que bien souvent nous passons notre temps à étouffer, à dissimuler. Il nous interpelle sur la bienséance de la pensée unique, égratignant au passage un certain ostracisme intellectuel qui croit posséder le monopole de l'intelligence. Dans un univers, plus morne que laid, et sans jamais perdre espoir, il préserve un bout de ciel ou d'horizon et nous renvoie face à nous même grâce au jeu impeccable des acteurs dont le fort accent flamand donne une note singulière et colorée. Avec une mention spéciale pour Barbara Sarafian, dont l'aspect physique évolue de la banalité à une grande beauté au gré des aléas de la vie. C'est un film optimiste et salvateur qui parle enfin de gens qui nous ressemblent.
Publié le mardi 12 septembre 2017