J'ai très envie de parler du film de Christophe Loizillon, tout simplement parce que Le silence de Rak donne envie de parler... C'est beaucoup grâce au personnage principal : Rak, cousin français de l'univers drôle et tragique de Dostoïevski. François Cluzet a sans doute ici un de ses plus beaux rôles. Il marche comme un funambule sur un fil subtil entre la profondeur et la légèreté. En ce moment, tout le monde parle du chômage, des licenciements, des "sans-emploi"... et personne n'arrive à en dire grand chose. Le silence de Rak, paradoxalement parle mieux que ceux qui feraient mieux de se taire. Christophe Loizillon parle enfin de l'origine du mal : Le Travail. Son film dit à quel point dans le traumatisme du chômage il y a le traumatisme du "travailler". Dans notre société il faut "faire quelque chose" pour être quelqu'un. J'ai toujours été admiratif du travail de Christophe, comme documentariste. Il prouve ici comment la fiction se nourrit merveilleusement du regard sur le réel. Les Maoïstes obligeaient jadis les bourgeois à aller travailler dans les champs de patates. J'aimerais beaucoup obliger aujourd'hui tous ceux qui travaillent dans un champs de patates d'aller voir Le Silence de Rak... Quant aux chômeurs ceux qui n'ont pas eu la chance d'être embauchés sur un champ de patates ils ont aujourd'hui le privilège d'avoir la "réduction chômeur", donc ils sont quasiment obligés d'aller le voir également.
Publié le lundi 18 septembre 2017