Première génération. Entre Hexagone et Douce France il s'est passé un événement fondamental pour notre cinéma. Les films de l'immigration ou sur l'immigration sont rendus archaïques par Douce France. En effet dans le film de Malik, les personnages sont la première génération de français qui vivent leurs origines non comme une contradiction entre un ailleurs et leur intégration ici. Les personnages sont de cette Douce France avec leurs histoires qui produisent des sentiments, des désirs, différent pour chacun. On y apprend que l'on peut être parfaitement intégré et voilé. Douce France c'est aussi le chassé croisé entre des jeunes filles et des jeunes hommes qui ne jouent dans le social qu'avec une obsession : être aimé par celui qui est différent de soi. C'est aussi la lutte entre les désirs de réussite sociale des hommes avec leurs lâchetés, et l'exigence des désirs des femmes. A ce jeu c'est évidement les femmes voilées ou pas qui gagnent et assume la fiction. L'autre événement qui s'est passé entre Hexagone et Douce France, c'est l'affirmation de Malik comme un cinéaste d'une intelligence narrative redoutable. Cela commence comme une série B, et très vite devient un film de la tradition néo-réaliste. Il y a dans ce film du Visconti de Obsession et la fureur du récit du Port de la drogue de Samuel Fuller. Bref, Douce France est un grand film d'une importance capitale pour notre cinéma.
Publié le lundi 18 septembre 2017