À propos de Mirek n'est pas parti

Jean-Pierre
Thorn

Cinéaste

Faut-il en rire ou en pleurer ? Partira ou partira pas ? Drôle ou cruel ? Etrange film que celui-là : noir et jubilatoire, perpétuellement sur le fil du rasoir, entre dérision et tendresse, où son héros - Mirek - coincé à Paris par une série d'événements loufoques (qu'il n'a pas voulu ?), est victime de tous les malheurs du monde... A moins qu'il ne les ait attirés pour mieux s'en servir et rechercher la compassion de ses pairs (particulièrement celle des femmes) ? Il y a du Schweyk dans ce personnage : c'est la fable éternelle du chêne et du roseau qui, tel Mirek, plie sous le poids de l'Histoire pour mieux la contourner. Coincé dans les appartements clos d'un Paris peu accueillant, perdu dans sa petite communauté tchèque ("famille je vous hais") qu'il n'arrive à quitter à force d'être arnaqué par elle (et de l'arnaquer), Mirek est-il le jouet ou le plus malin par opportunisme ? Il faut le voir - sublime de dérision - courir en caleçon sur les toits de Paris à la recherche d'une tourterelle échappée du couple (en cage), offert à sa copine pour mieux la séduire... Fiction savamment écrite et interprétée, filmée comme un documentaire (dans la pure lignée de la tradition du jeune cinéma tchèque des années 60), ce cinéma qui ne juge pas, ne commente pas, refuse tous les pathos, coupe ses scènes avec une brutalité qui désarçonne... rit de ses personnages parce qu'il les aime. Et révèle un sacré petit bout de bonne femme (et sacrée comédienne) - Bojena HORACKOVA - signant là son premier long-métrage qui - tel un bonbon acidulé - laisse en bouche un goût étrange qui dérange.

Jean-Pierre Thorn

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Cinéaste


Publié le lundi 18 septembre 2017

Paroles de cinéastes

Mirek n'est pas parti

Un film de Bojena Horackova
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