Film admirable que celui de Jacques Kébadian, parce que vrai film de cinéaste : cet amour des gens, cet infini respect, cette fascination constante pour la multitude des petits gestes qui font la vie d'une famille (parmi tant d'autres) réfugiée dans cette arche de Noé de l'église St Bernard : je pense par exemple, à cette image d'un gamin s'évertuant à souffler la bougie que sa mère tente vainement de tenir allumée durant une veillée... Tout le cinéma de Jacques est résumé dans ce plan : cette totale naïveté (cette générosité) du regard qui retrouve, je crois, celui de sa propre enfance fascinée par la chaleur des familles arméniennes, non pas sans papiers mais apatrides d'alors. Et quand avec Dodo (qui a obtenu ses papiers et donc le droit de retourner, dix ans après, dans son village au fin fond du Mali) toute sa famille dans une case en pisé (devant un téléviseur alimenté par un groupe électrogène de fortune) regarde les images ramenées de France, d'un seul coup nous les voyons avec leurs yeux, abasourdis. Un film qui lave le regard de tout l'audiovisuel et télévisuel ambiant pour nous réapprendre tout simplement ce qu'est filmer : Partager, être avec...
Publié le lundi 18 septembre 2017